Vol MH17 : parmi les victimes, Joep Lange, figure de la lutte contre le VIH

>> Famed AIDS researcher Joep Lange among victims of MH17 crash

Le vol de la Malaysia Airlines, parti d’Amsterdam et abattu, jeudi 17 juillet, au-dessus de l’est de l’Ukraine avec 298 personnes à son bord, transportait comme on le sait, des passagers se rendant à la 20e conférence sur le sida, qui s’ouvrira dimanche à Melbourne, en Australie. Parmi eux, une figure médicale de premier plan : le professeur Joep Lange, directeur du département de santé mondiale à l’université d’Amsterdam, qui voyageait avec sa compagne Jacqueline Van Tongeren, mère de leurs cinq enfants.

De 1992 à 1995, il avait été chef de la recherche clinique et du développement des médicaments au sein du programme mondial de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur le sida. De 2002 à 2004, Joep Lange a présidé la Société internationale du sida (IAS), organisatrice des grandes conférences internationales consacrées au VIH.

Il avait à son actif plus de 350 publications scientifiques et avait fondé la Fondation PharmAccess, destinée à favoriser l’accès des populations du Sud aux traitements anti-VIH.

« SANS VOIX »

Sa disparition, ainsi que celles d’autres personnes se rendant à la conférence sur le sida, constitue un choc pour les congressistes. « Je suis sans voix », a indiqué au Monde la colauréate avec Luc Montagnier du prix Nobel de médecine, Françoise Barré-Sinoussi, qui achève son mandat de présidente de l’IAS.

« La communauté VIH a du mal à accepter l’inacceptable et à réaliser. Nous sommes en train de nous organiser avec nos partenaires des Nations unies pour savoir quels autres congressistes étaient à bord de cet avion. Nous avons tous pensé à la disparition de Jonathan Mann. »

Ancien directeur du programme mondial sida à l’OMS, dont il avait claqué la porte en 1990 pour protester contre l’inertie de l’institution, l’Américain Jonathan Mann avait trouvé la mort le 2 septembre 1998 dans le crash du vol Swissair 111, qui fit 229 victimes, dont également son épouse Mary Lou Clements-Mann.

Selon l’IAS, organisatrice de AIDS 2014à  Melbourne, « au moins six congressistes qui se rendaient à la 20e conférence internationale sur le sida, parmi lesquels l’ancien président de l’IAS Joep Lange, étaient à bord du vol MH17 de la Malaysia Airlines. » La société organisatrice a ainsi confirmé samedi les noms des cinq autres congressistes tués, outre celui de Joep Lang : Pim de Kuijer (Stop aids now !), Lucie van Mens directeur de AIDS Action Europe, Maria Adriana de Schutter (AIDS Action Europe), Glenn Thomas (Organisation mondiale de la santé, OMS), Jacqueline van Tongeren (Amsterdam Institute for Global Health and Development).

Directeur exécutif de l’IAS, Owen Ryan a déclaré : « Nos collègues voyageaient en raison de leur investissement dans la lutte pour mettre fin au sida. Nous honorerons leur engagement et les garderons dans nos cœurs au moment d’entamer notre programme dimanche. »

« EN PREMIÈRE LIGNE DANS LES GRANDS COMBATS DU VIH »

Cosignataire du premier article décrivant le virus du sida, la professeur Christine Rouzioux (CHU Necker et Université Paris-Descartes) décrit Joep Lange comme « un type formidable, avec une formidable volonté de faire avancer les choses ».

« Il avait beaucoup de convictions et un engagement politique dans tous les domaines. Il s’était battu notamment pour que les traitements soient accessibles dans les pays du Sud, pour la prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant. Il savait parler aux gens pour les convaincre. »

La virologue ajoute que Joep Lange « était très proche des Français. Il parlait bien le français et le couple possédait une maison en France. » Elle parle de sa disparition « avec des frissons dans le dos. J’ai peur des autres noms qui vont apparaître quand la liste des victimes sera connue ».

Pour le professeur Michel Kazatchkine, envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour la lutte contre le VIH/sida en Europe de l’est et en Asie centrale : « Ce qui s’est passé avec le vol MH17 abattu est un crime de guerre. »

Ancien directeur général de l’Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS) en France puis directeur exécutif du Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme, Michel Kazatchkine évoque en Joep Lange « un ami très proche ».

« C’était une personne d’une droiture morale et scientifique à toute épreuve et extrêmement généreux. Il avait un discours toujours basé sur la science, sans compromission. Joep agissait dans le système mais il savait garder ses distances avec le système. Il personnifie ce que doit être un clinicien et un chercheur, avec ce pragmatisme hollandais qui en faisait un entrepreneur scientifique de projet très dynamique. »

Pour le professeur François Dabis, épidémiologiste (Université Bordeaux Segalen) et spécialiste de la recherche sur le VIH dans les pays du Sud, « Joep Lange était un vrai clinicien très engagé, qui s’est très vite tourné vers les questions internationales ».

« Avec l’Australien David Cooper, ils ont été les premiers à se lancer dans un essai avec les Thaïlandais pour introduire les combinaisons d’antirétroviraux, à l’époque des bithérapies. Très tôt, il avait été à l’initiative d’essais sur la prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant. Il avait une vision du sida comme un levier pour faire bouger les lignes sur d’autres questions de santé des pays du Sud. Il savait faire bouger les industriels par le dialogue. Pendant plus de vingt ans, il a toujours été en première ligne dans les grands combats du VIH et de la santé mondiale. »

Six autres experts de la lutte contre le sida étaient également à bord de l’avion, et non une centaine semble-t-il, comme la presse l’avait évoqué, a dit à l’AFP la présidente de la Société internationale sur le sida (IAS). « Cela pourrait être un peu plus élevé mais pas autant que les chiffres qui ont été annoncés », a-t-elle déclaré.

La presse australienne avait évoqué vendredi le chiffre d’une centaine de spécialistes du sida – médecins, chercheurs, militants – à bord de l’avion.

Parmi les autres morts confirmés, figurent Pim de Kuijer de STOPAIDSNOW, ainsi que Lucie van Mens, directrice d’AIDS Action Europe et sa collègue Maria Adriana de Schutter.

Glenn Thomas, un porte-parole de l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) et Jacqueline van Tongeren, de l’institut Amsterdam pour la santé mondiale et le développement étaient également à bord de l’appareil.

De quoi relever davantage de suspicions et polémiques, surtout lorsque la télévision russe alimente la théorie d’un complot contre Poutine. Attaquer avant de l’être ? http://www.sopeople.fr/actualites/mh17-les-medias-russes-accusent-kiev-detre-responsable-du-crash-du-boeing-777/

Avec Paul Benkimoun ((Melbourne, Australie))
Journaliste au Monde

 

>> The Malaysia Airlines tragedy is a major blow for AIDS research and hopes of curing the disease, it has been claimed.

Dozens of the world’s top experts are believed to have been on board MH17 when it was crashed in east Ukraine yesterday.

The leading scientists, doctors and researchers were heading to the AIDS 2014 conference in Melbourne, Australia, to discuss progress in tackling the killer disease.

One of those definitely on board was Joep Lange, who researched AIDS for more than three decades and was considered a “giant” in the field.

He was also a former president of the International AIDS Society (IAS), which organises the conference.

In an emailed statement to the Daily Mirror, Jeremy Farrar, director of the Wellcome Trust, described his death was “a great loss to global health research”.

Mr Farrar said: “I am deeply saddened that Joep Lange, his partner Jacqueline van Tongeren, and other colleagues from the World Health Organisation and the HIV research community are reported to be among those killed in the MH17 disaster.

“Joep was a great clinical scientist, and a great friend of the Wellcome Trust who has long been a valued adviser.

“He was also a personal friend. He is a great loss to global health research.”

Richard Boyd, professor of immunology at Monash University in Melbourne, Australia, added: “He’s one of the icons of the whole area of research. His loss is massive.”

Trevor Stratton, an AIDS consultant who was attending a pre-event in Sydney, said: “The cure for AIDS may have been on that plane, we just don’t know.

“You can’t just help but wonder about the kind of expertise on that plane.”

The conference is due to start on Sunday. Former US President Bill Clinton is among the keynote speakers.

The IAS said it was still working with authorities to confirm the number of conference delegates who were on board the plane.

In a statement, it said: “In recognition of our colleagues’ dedication to the fight against HIV/AIDS, the conference will go ahead as planned and will include opportunities to reflect and remember those we have lost.

“The IAS has also heard reports that among the passengers was a former IAS president Joep Lange and if that is the case then the HIV/Aids movement has truly lost a giant.”

Dr Peter MacPherson, an HIV researcher at the Liverpool School of Hygiene Tropical Medicine, said there were so many AIDS researchers on the flight that everyone was worried that friends or colleague had been on board.

He said: “I really don’t know how many people attending the conference have been lost.

“I’m just hoping it is none of my colleagues and friends – emails are flying around, people are sending emails, looking on Twitter and Facebook to try and find out what has happened. Everyone lost is a tragedy.

“The global HIV community is a close community – standing up for non-violence, dignity and human rights. People will be devastated – but I am sure everyone will pull together and continue to fight the AIDS epidemic.”

-Mirror