Affiches de prévention du VIH censurées : cinq élus poursuivis au pénal pour discrimination

Ce 22 novembre 2016, le ministère des Affaires sociales et de la Santé a lancé une campagne de sensibilisation contre le sida auprès des hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes par le biais d’actions ciblées : affichage dans les milieux communautaires (bars et clubs gay), en milieu urbain (abribus, centres commerciaux), presse nationale et régionale, réseaux sociaux et site internet.

« Aimer, s’éclater, s’oublier », « avec un amant, un ami, un inconnu… », « les situations varient. Les modes de protection aussi » prévient le slogan accompagné des couples enlacés.

Rapidement des panneaux publicitaires vont être vandalisés, les messages masqués, et en pleine primaire de la primaire de la droite et du centre, sous l’impulsions d’associations catholiques « indignées », les maires d’Angers, Aulnay-sous-Bois, Compiègne, Chaville et Meudon vont interdire la campagne en milieu urbain.

Des mesures prises sur le fondement des « bonnes mœurs », de la « moralité », de la « dignité », de la « protection de l’enfance » et de la « notion de famille », retient l’association Mousse, qui porte plainte au pénal contre les édiles.

« Cette censure de la campagne de Santé publique France doit s’analyser comme une discrimination à raison de l’orientation sexuelle, les arrêtés litigieux ayant d’ailleurs fait l’objet de recours administratif de la part des préfets compétents. Les affiches interdites se bornent à suggérer que des relations sexuelles sont possibles entre personnes de même sexe. Elles ne montrent pas d’organes génitaux. Elles ne montrent pas de relations sexuelles. Elles ne montrent même pas de corps dénudés. »

A Angers, le maire Christophe Béchu avait évoqué une campagne « volontairement choquante », déplorant qu’elle soit diffusée à proximité des écoles « en délivrant ainsi un message que les jeunes enfants sont incapables de comprendre, de discerner, d’appréhender ».

« L’interdiction de ces affiches vise non pas à protéger un public sensible face à des scènes à caractère sexuel, mais à cacher, notamment aux enfants, que des relations sexuelles entre personnes de même sexe sont possibles », insiste Me Etienne Deshoulières, avocat de l’association : « Il s’agit d’une interdiction prononcée à raison de l’homosexualité. C’est contre cette censure que Mousse porte plainte aujourd’hui ».

Rappelons, comme l’indiquait Marisol Touraine, qui avait déjà en réaction saisi la justice administrative, qu’au-delà de ces considérations d’un autre temps : « 30 000 personnes vivent avec le sida sans le savoir. Avec 7 000 nouveaux cas recensés chaque année : La prévention est nécessaire ! »

Joëlle Berthout
stophomophobie.org