C’est un acte grave, homophobe, c’est inadmissible, ça doit être puni», explique aujourd’hui la médaillée mondiale de 23 ans, qui s’est installée en janvier à Marseille. Elle a porté plainte vendredi pour agression homophobe après avoir été insultée et rouée de coups il y a huit jours à Amiens
«J’étais avec deux amies vendredi dernier (NDLR: le 26 juin) et on sortait d’un restaurant. Quatre mecs nous regardaient, ils nous ont demandé des cigarettes, mais je sentais que ce n’était pas que pour ça», explique la championne, médaillée de bronze sur 50 m papillon aux Mondiaux-2011. «On allait repartir mais ils ont commencé à nous insulter et tout s’est enchaîné très vite. Un des gars nous a bloquées, je n’ai rien vu venir, le mec m’a frappée, j’étais complètement sonnée, je ne sais pas ce qu’il s’est passé après, j’ai vu mes amies par terre. Après on est allé aux urgences», se souvient la nageuse, qui est passée sur la table d’opération mardi.
«J’ai déjà été insultée, mais on ne m’avait jamais frappée», poursuit-elle, sans vouloir préciser la teneur des insultes «tellement c’était violent». Elle dit ressentir toujours des douleurs suite aux coups, et être encore fortement choquée: «Il y avait beaucoup de haine. Psychologiquement, c’est un sacré choc, je ne m’y attendais pas du tout».
Dans le cadre de l’enquête policière, Mélanie Hénique sera examinée lundi par un médecin. Encore incapable d’expliquer les faits, elle a cependant souhaité témoigner : «C’est dur, mais je pense qu’il était important d’en parler. Je pense à toutes ces personnes dont la vie peut être brisée par de telles agressions et qui n’ont pas forcément la possibilité d’en parler».
«Ce n’est pas normal, ce doit être sévèrement puni, poursuit-elle. J’ai bien conscience du climat homophobe qui règne en France malheureusement aujourd’hui. C’est une forme de racisme, c’est aussi insupportable que toute autre discrimination et ça doit être condamné comme tel», plaide encore l’Amiénoise, dont les deux amies s’en sont sorties indemnes.
«C’était un devoir pour moi de rendre publics ces faits, insiste-t-elle, non pas pour parler de moi mais ne serait-ce que pour aider tout ceux qui n’osent pas porter plainte. Ça arrive trop souvent». La jeune femme «assume complètement» son homosexualité : «Je suis comme je suis. Mais je ne suis pas non plus quelqu’un qui va le montrer, je suis discrète. Je fais attention, c’est ma vie privée et je ne l’étale pas».
Si elle a accepté de parler à l’AFP, la nageuse de l’équipe de France, sélectionnée pour les Championnats du monde début août à Kazan (Russie), où elle est l’une des chances de médaille tricolore, ne souhaite plus prendre la parole sur le sujet. Après cette agression, elle a dû stopper sa préparation pendant 10 jours et déclarer forfait pour l’Open de France où sont réunis tous les Bleus ce week-end à Vichy (Allier). «J’aspire à présent à retrouver les bassins, mes sensations dans l’eau et mon statut d’athlète de haut niveau. Il me reste peu de temps pour me préparer pour Kazan. Je veux me donner les moyens de réussir, souhaite-t-elle. Je ne voudrais pas donner raison à mes agresseurs en baissant la tête».
Cette agression a notamment fait réagir Ségolène Royal, qui, via son compte Twitter, a exprimé dimanche sa «Solidarité avec Mélanie Hénique, victime d’une odieuse agression homophobe»: «Stop à la loi du silence. Et la Fédération, pas de plainte ?», a poursuivi la ministre de l’Ecologie et de l’Energie dans son tweet.