« J’ai pensé à me tirer une balle dans la tête devant la mairie. Pour qu’ils m’entendent. Qu’ils fassent quelque chose… », confie la fonctionnaire de 29 ans, qui vient de déposer plainte pour discrimination en raison de l’orientation sexuelle contre un de ses supérieurs et Loïc Masson, adjoint au maire chargé de la sécurité. « Chaque jour, depuis plus de deux ans, je me fais humilier. »
Tout commence à l’été 2012. Affectée à la brigade de jour, l’agent demande à être mutée à la vidéosurveillance de nuit et de jour. A partir de ce moment, son supérieur n’a plus cessé de « tenir des propos injurieux envers les homosexuels », relate la jeune femme dans le procès-verbal de sa plainte que Le Parisien s’est procuré. Son insulte préférée ? « Sale gouine », qu’il répète haut et fort, en s’assurant qu’elle l’entende. Et la situation va encore s’envenimer, quand l’Assemblée nationale vote en faveur du mariage pour tous. A cette occasion, elle assure que son chef lui aurait lancé, en la regardant droit dans les yeux : « Les gouines et les PD qui peuvent se marier, ça me dégoûte. »
Au-delà des insultes, la policière s’estime également victime d’un travail de sape quotidien. Elle sera d’ailleurs mutée au mois d’octobre suivant dans un autre service, « sans autre explication », jure-t-elle, ajoutant avoir entendu son supérieur dire à voix haute : « On a réussi à faire dégager la gouine. » Ce serait Loïc Masson, adjoint au maire élu avec l’équipe de Chantal Brunel (UMP), qui a pris cette décision. Lequel n’a cependant jamais proféré d’insultes à son égard.
La municipalité estime qu’aucune accusation n’est directement portée à l’encontre de Loïc Masson, « l’agent lui reprochant simplement un changement de poste arbitraire ». Mais l’édile a « décidé de diligenter une enquête administrative interne pour faire la lumière sur d’éventuels propos homophobes qui auraient pu être proférés », et prendre le cas échéant les « sanctions qui s’imposent ».
Une affaire qui bien évidemment n’a pas non plus échappé à la récupération politique :
Ainsi, l’ancien maire centriste Hugues Rondeau (Cnip), qui avait pourtant qualifié le mariage des couples homosexuels de déviation, en se prononçant également contre la Loi Taubira, s’est dit indigné. Condamnant des propos « qui tendent à banaliser l’homophobie primaire », il indique sur son blog se constituer partie civile dans cette procédure : « On pensait cette municipalité raciste, on la découvre homophobe : je souhaite que ce dérapage reste un cas isolé, et que les élu(e)s qui débattront au Conseil Municipal fassent dorénavant preuve de dignité alors que la première d’entre elle a, on le sait, souvent dérapé dans l’indignité la plus abjecte. Les propos injurieux, outranciers, homophobes ou racistes tenus à l’égard des Buxangeorgiens montrent que cette municipalité n’a pas rompu avec ses vieux démons ». Des déclarations qui lui valent désormais un renvoi en correctionnelle, suite à une plainte déposée par Chantal Brunel pour diffamation.