La Manif pour tous veut « peser » dans le débat pour 2017 ! Les candidats et ténors à la présidentielle sont pourtant frileux à l’égard du collectif, mais Ludovine de la Rochère n’en démord pas.
Invitée sur le plateau de BFMTV pour évoquer « la légitimité de la minorité qu’elle incarne » et, dans la foulée, le flop de la mobilisation de ce dimanche, bousculée par le journaliste, la présidente du mouvement s’est toutefois targuée « d’un retour fracassant » et du soutien de « 79% » des français qui, selon un sondage, estiment que « l’état doit garantir le droit de l’enfant orphelin à être adopté par un père et une mère : C’est donc une immense majorité qui pense que la loi Taubira doit-être remise en cause. »
Entre 23 000 et 24 000 sympathisants pourtant dans la rue cette année selon les autorités, même si les organisateurs en annoncent 8 fois plus, contre 70 000 deux ans plus tôt. Une démobilisation également constatée par une étude IFOP, publiée ce 16 octobre, qui révèle un recul d’adhésions, 24% des personnes interrogées se disant désormais « proches » des « valeurs et idées » de la Manif pour tous, contre 31 % en 2014.
Et s’ils n’étaient qu’une poignée d’élus à faire le déplacement dimanche, à l’instar de Jean-Frédéric Poisson du Parti Chrétien-Démocrate et Nicolas Dupont-Aignan de Debout la France, « les présidents des quatre partis depuis le centre jusqu’à la droite (Laurent Wauquiez des Républicains et Marine Le Pen pour le FN inclus), sont favorables à l’abrogation de la loi Taubira », insiste Ludovine.
« Une belle brochette d’homophobes », déplore Caroline Mécary, avocate au barreau de Paris et spécialiste du droit de la famille, qui régissait à la réalité de la situation des enfants de parents homosexuels, nés d’une PMA ou GPA, « pratique esclavagiste » selon la Manif.
Soulignant qu’ils n’avaient pas non plus à subir de propagande haineuse et propos discriminatoires, l’avocate a rappelé que la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) avait déjà condamnée la France, en juin 2014 puis juillet 2016, pour son refus de transcrire à l’état civil les actes de naissance d’enfants nés par gestation pour autrui à l’étranger, et que sa légalisation était un tout autre débat.
Elle précise par ailleurs que les parents homosexuels ne « mentent pas et ne cachent pas » à leurs enfants la manière dont ils sont conçus, « la démarche de transparence évitant justement les difficultés. » Et ajoute que « la PMA pour les couples de femmes et personnes célibataires est autorisée dans 26 pays de l’Union Européenne », bien malgré les avis divergeants ou « position d’arrière-garde » défendue par la Manif pour tous.
« Comme la peine de mort dans certains pays », rétorque Ludovine de la Rochère. « Et le droit de l’enfant à avoir un père et une mère ? Vous traitez tout le monde d’homophobe, en accusant en bloc tous les présidents des partis politiques. »
« Parfaitement, absolument ! », vous et les quatre en question, soutient Caroline Mécary, « lutter contre l’égalité et les droits d’une certaine catégorie de citoyens, ce n’est rien d’autre que de l’homophobie ! »
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Aucune prochaine action dévoilée dans l’immédiat, sinon que la Manif reste « en campagne pour la famille », enchaîne Ludovine de la Rochère, « on ne l’enferme pas dans une candidature ». Et la publication d’un site dédié aux engagements, déjà pris ou en cours d’élaboration, qui seront proposés dans les programmes. Avec, la sortie d’un livre ce 4 novembre, dans lequel la présidente « s’exprime différemment sur son amour pour la famille. » Impatience quand tu nous tiens…
Terrence Katchadourian
stophomophobie.org