Jean et Laurent avaient été violemment pris à partie, le 3 mars dernier, par une jeune femme, à la caisse d’un supermarché de Rueil-Malmaison. Aucun membre du personnel ou client ne sont intervenus, en dépit des injures et menaces proférées.
« Sale pédale, tarlouze, gros pédé », « vous n’avez pas le droit de vivre », « vous êtes la honte de la France », « en Algérie les mecs comme vous on les égorge ». Une homophobie toute à fait assumée, qu’elle a réaffirmé devant les policiers, lors de son interpellation.
Anaïs M., 25 ans, comparaissait, ce lundi 23 avril, devant le Tribunal correctionnel de Nanterre. Elle a nié les menaces mais pas l’intégralité de ses commentaires. Elle n’estime pas toutefois que ce soit « homophobe » de qualifier des personnes de « pédés » ou « sale dep ». Elle n’a pas agressé les deux hommes parce que leur orientation sexuelle. « Avec une personne normale », j’aurais réagi de la même façon. Pour un gros, ce serait « gros tas », une blonde, « sale blondasse ».
Et puis, ce sont eux qui l’ont « bousculée et insultée », pour prendre sa place. Elle aurait d’ailleurs déposé plainte pour des « propos racistes », mais que personne dans le magasin n’a entendu. Son avocat a souhaité une requalification des menaces en injure publique. Mais « dire à la personne qu’elle ne mérite pas d’exister » est une menace de mort, a insisté Me Tewfik Bouzenoune, l’avocat du couple.
Le Tribunal a condamné la jeune femme à quatre mois de prison avec sursis et 1 350 € de dommage et intérêts pour préjudice moral à chacune des victimes. La procureure en avait requis six !
Jean et Laurent ont exprimé leur soulagement. « Tout ce qu’on a fait n’aura pas été inutile ! » Pour leur avocat, la justice a en effet apporté « sa contribution pour enrayer ce sentiment d’impunité qui a suivi la libération de la parole depuis les débats sur le Mariage pour tous. »
« Ce jugement est la preuve que les tribunaux réagissent », a ajouté Me Etienne Deshoulières, conseil des associations Mousse et STOP homophobie. « Il est temps que les homophobes en prennent conscience. »