Depuis plusieurs mois, des actes attentatoires aux libertés fondamentales des LGBTQI sont perpétrés en toute impunité en Pologne. 88 communes ont ainsi adopté des législations ouvertement homophobes, contraires aux traités européens, qui incitent à « ne pas financer d’association œuvrant pour les droits des LGBT, suggèrent aux entreprises de refuser les candidats LGBT ou aux professeurs de veiller dans les écoles à ce que les enfants ne s’intéressent pas à ce qui est présenté comme une idéologie menaçant les valeurs traditionnelles polonaises. »
La ville de Tuchów, jumelle polonaise de Saint-Jean-de-Braye, dans le Loiret, a tout récemment rejoint cette liste de zones dites « LGBT Free », encouragée par le gouvernement d’extrême-droite du parti Loi et Justice. D’où la suspension de leurs relations officielles, voté à l’unanimité par les élus abraysiens, réunis en conseil municipal ce vendredi 14 février.
« Même si nous savions que le parti au gouvernement relayait cette homophobie, nous avons été atterrés de découvrir que la ville de Tuchów avait voté la résolution, comme un grand nombre de communes du Sud-Est de la Pologne » regrette Colette Martin-Chabbert, en charge des relations internationales pour Saint-Jean-de-Braye.
« On a tout de suite réalisé la gravité de cette prise de position, en se disant que l’histoire, hélas, se répétait. On est bien placés pour le savoir, dans le Loiret, avec le souvenir de trois camps d’internement. A Jargeau, il y avait des tziganes et des homosexuels. On ne peut pas accepter que des décisions comme celles-ci soient prises, au mépris des droits de l’homme » rappelle gravement sur FranceInfo Colette Martin-Chabbert.
On estime qu’entre 5 000 et 15 000 homosexuels ont été envoyés dans les camps de concentration par les autorités nazies, lors de la Seconde Guerre Mondiale.
La motion adoptée par Saint-Jean-de-Braye vise uniquement à suspendre les relations officielles entre les deux communes et ne concernera pas les actions « telles que les échanges ou les stages ». Dans l’attente et l’espoir « que les « raisons » qui ont conduit les élus polonais à adopter « une résolution contraire aux droits de l’Homme » soient explicitées. Et que la résolution, telle qu’elle a été adoptée, soit révoquée ».
Mais déjà, les officiels de Tuchów « n’ont pas très bien réagi », précise Colette Martin-Chabbert. « Ils étaient surpris, offusqués, de notre prise de position, car on ne les a pas concertés. Quelle concertation fallait-il avoir ? Ils ont voté ce texte. Je pense qu’ils ne comprennent pas pourquoi cela nous choque… »
Carte des zones LGBTphobes en Pologne.