Alors qu’une enquête du journal indépendant Novaïa Gazeta a récemment révélé que les homosexuels étaient devenus la cible des autorités en Tchétchénie, l’Assemblée du Conseil de l’Europe a dénoncé ce mardi 25 avril la situation de protection des droits de l’Homme et du respect de l’état de droit dans cette région du Caucase du Nord : « l’une des plus graves de l’ensemble de l’espace géographique du Conseil », soulignent les parlementaires des 47 Etats membres, parmi lesquels 18 Russes.
Le texte fait suite aux recommandations déjà prononcées par l’organisation en 2010 mais qui n’ont « toujours pas, dans l’ensemble, été mises en œuvre », regrettent-ils, condamnant fermement le recours aux enlèvements, détentions secrètes et exécutions extrajudiciaires.
Le Moscow-Times évoque désormais « au moins 6 camps » de torture dédiés. Des vérifications seraient actuellement menées par les forces de l’ordre russes, ainsi que par la déléguée pour les droits de l’Homme auprès du Kremlin, Tatiana Moskalkova. Mais les enquêteurs affirment toujours n’avoir reçu « aucune plainte officielle » de victime. Et le 19 avril dernier, lors d’une rencontre télévisée avec Vladimir Poutine, le président Tchétchène a catégoriquement démenti les accusations et témoignages dans la presse, qu’il a de nouveau qualifié de « provocations ».
Le Conseil s’inquiète aussi des représailles contre les ONG et la société civile, reprochant à M. Kadyrov d’entretenir un climat de peur et d’impunité par « une promotion active de l’application de dispositions fondées sur le droit coutumier tchétchène, les adats, et d’une interprétation de la charia », qui établit en outre une discrimination à l’égard des femmes, avec mariages arrangés et précoces ou « crimes dits d’honneur, largement répandus et tolérés par les autorités régionales ».
Craignant ainsi que « les délais de prescription ne finissent par accorder une impunité de fait aux auteurs », les parlementaires demandent la mise en œuvre des arrêts de la Cour européenne des droits de l’Homme, notamment dans les affaires pour lesquelles la Russie a été condamnée pour absence d’enquête effective, et qu’elle s’engage plus généralement à « lutter contre le terrorisme avec les instruments dont dispose un Etat de droit ».
Anne V. Besnard
stophomophobie.com