Gilles Clavreul, qui dirigeait l’instance, créée en 2012 pour lutter contre le racisme et l’antisémitisme, avec un champ d’intervention qui s’est élargi en décembre 2016 à la lutte contre la haine anti-LGBT, sous le nom de Dilcrah, va finalement quitter ses fonctions, remplacé par Frédéric Potier, selon le compte-rendu du conseil des ministres de mercredi 3 mai.
Auparavant directeur de cabinet de la région Centre puis, entre 2012 et 2014, conseiller de Claude Bartolone à la présidence de l’Assemblée nationale pour les affaires constitutionnelles et l’outre-mer, M. Potier prendra ainsi ses fonctions de délégué interministériel à partir du 15 mai prochain. Énarque de 37 ans, également spécialiste du scrutin électoral, il a par ailleurs co-rédigé en 2012 un ouvrage sur L’Élection présidentielle en France, et a contribué à réactualiser le code électoral 2017.
M. Clavreul se consacrera pour sa part à des projets personnels et notamment d’écriture dans le sillage de son expérience à la tête de la Dilcrah. « Des combats ont été engagés sur le terrain des idées qui devront être poursuivis, sans quoi la tenaille identitaire se refermera toujours davantage. Entre la fragmentation et la tentation autoritaire, il n’y a pas à choisir », a-t-il souligné sur sa page Facebook, se félicitant de la « baisse continue » des actes racistes et antisémites en 2014 et au début de 2015 : « un soulagement », « une preuve de la résistance de la société française » et « un gage d’espoir dans la solidité de ses valeurs les plus fondamentales », a-t-il ajouté.
Ce n’est malheureusement pas le cas pour les actes LGBT-phobes, qui persistent selon notre baromètre depuis 2013 et la poussée des violences suscitée lors des débats autour du mariage pour tous. Nous avions communiqué en mars dernier nos chiffres au président de la République : plus de 33.000 témoignages, reçus par mail, messages sur les réseaux et ligne d’écoute, dont 14.000 pour des menaces verbales et autres insultes homophobes (42%), quelque 1700 pour des agressions physiques en raison de l’orientation sexuelle des victimes ou leur identité de « genre » (5%) et plus de 18.000 sollicitations diverses sur les droits des LGBT+, avec demandes d’accompagnement etc. (53%).
Malgré la persistance de ces crimes et délits, la Dilcrah est souvent restée sourde à nos alertes. Nous avons dû gérer seuls avec nos partenaires. Espérons que notre nouveau Préfet et délégué, coordonne efficacement les associations en capacité entre-autres de fournir des statistiques réelles, sans plus ignorer « toute la communauté » et nos collectifs qui œuvrent solidairement mais toujours sans moyens. Les « acteurs LGBT », défenseurs des « droits de l’Homme de terrain », doivent être plus soutenus.
Bravo M. Potier pour votre nomination. Vous portez nos combats. Nous vous soutiendrons également.
STOP homophobie