C’est « la fin d’une discrimination », du moins en partie. Depuis ce lundi 11 juillet, les homosexuels et bisexuels peuvent en effet donner leur sang. Une nouveauté qui s’accompagne toutefois dans un premier temps, et pour au moins un an selon la ministre de la santé, de conditions très strictes, notamment l’abstinence pendant douze mois : une exigence qui ne s’applique pas pour les hétérosexuels.
Si le don du sang de femmes homosexuelles, lui, n’a jamais été interdit en France, l’exclusion permanente des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes avait été instituée en 1983 en raison des risques du sida.
« Donner son sang est un acte de générosité, de citoyenneté, qui ne peut être conditionné à une orientation sexuelle. Dans le respect de la sécurité absolue des patients, c’est aujourd’hui un tabou, une discrimination qui sont levés », avait rappelé Marisol Touraine, lors de la présentation de ces mesures en novembre 2015. Mais, pour garantir la sécurité des receveurs, ce changement se fera « par étapes ».
Actuellement, dix à quinze donneurs sont diagnostiqués séropositifs chaque année, soit un risque « résiduel » de l’ordre de 1 pour 3 500 000 dons, souligne l’AFP. Le dernier cas de contamination d’un receveur date d’il y a treize ans.
Premier donneur HSH sur le site EFS Toulouse Jean Jaurès ! #DonDuSangPourTous #DonDuSang pic.twitter.com/q4EIP2NOIs
— HOMODONNEUR (@HOMODONNEUR) 11 juillet 2016
Ce dispositif permettra donc de mener une étude sur les nouveaux donneurs. Et si l’absence de risques est confirmée, les règles du don pour les homosexuels (ou les hommes ayant eu au moins un rapport avec un autre homme) se rapprocheront en 2017 de celles appliquées aux autres donneurs.
La direction générale de la santé estime que cette ouverture permettra d’avoir 21 000 donneurs supplémentaires, soit 37 000 dons de plus (sur la base de trois dons en moyenne par an et par donneur) : « C’est trois jours d’autonomie supplémentaire et c’est déjà beaucoup », note François Toujas, président de l’Établissement français du sang (EFS).
En 2014, 1,6 million de personnes ont donné leur sang en France.