La famille d’Alan Turing, mathématicien britannique reconnu pour ses travaux de décryptage des messages de l’armée allemande durant la Seconde Guerre mondiale, a réussi à obtenir du gouvernement britannique la promesse d’une amnistie pour tous les hommes également condamnés pour homosexualité, avant 1967 et aujourd’hui décédés.
« Il est extrêmement important que nous accordions le pardon à ces personnes qui seraient innocentées de tout crime aujourd’hui », a expliqué le ministre de la Justice, en charge du dossier de « réhabilitation », en annonçant jeudi la confirmation de cette initiative du Parti conservateur, également soutenue par l’opposition travailliste.
Elle faisait l’actualité depuis que la reine Elizabeth II a gracié en 2013 Alan Turing. Reconnu coupable d’une relation avec un jeune homme de 19 ans et contraint à la castration chimique en 1952, il se serait suicidé deux ans plus tard, à l’âge de 41 ans.
Ses proches, ainsi que des acteurs comme Benedict Cumberbatch, qui a interprété son rôle en 2014 dans le film Imitation Game, se battaient pour que le même pardon soit étendu à tous, ainsi qu’aux 15.000 encore en vie.
Il garde toutefois un goût amer pour certains, qui considèrent que l’accepter revient à considérer qu’on eut été coupable : « Mais de quoi ? » a réagi auprès de la BBC George Montague, 93 ans, auteur de « The Oldest Gay in the Village », (le plus vieil homo du village) et condamné en 1974 : « D’être uniquement capables d’aimer un autre homme ? »
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I couldn’t be happier, but I won’t accept a pardon – campaigner George Montague on pardon for thousands of gay men https://t.co/S2iOhbsQp9 pic.twitter.com/vyuOfhGN7Z
— BBC Newsnight (@BBCNewsnight) 20 octobre 2016
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A valeur symbolique, cette mesure permettrait toutefois d’obtenir l’annulation automatique des condamnations de leurs casiers, même si les survivants pouvaient déjà depuis 2012 en faire la réclamation auprès de l’administration. Un second amendement d’ailleurs déposé dans ce sens par le député John Nicoloson n’a malheureusement pas été retenu, d’autres ayant suggéré que cette grâce générale risquait de bénéficier à des personnes poursuivies pour des actes qui sont toujours considérés comme des délits.
Anne V. Besnard
Stophomophobie.com