Doit-on encore se préoccuper des abominables certitudes de Christine Boutin ?

Tout le monde a depuis longtemps saisi sa vision du « problème gay » : elle les « respecte », dit-elle mais leur refuse toute visibilité et droit matrimonial. Le film hérétique « La vie d’Adèle » obtient-il une récompense à Cannes?
– « Ils sont partout. On est envahi! »
‘Ils’ étant les membres du puissant lobby. « On », les gens normaux. Tout est dit.

Le débat sur le Mariage Pour Tous fait-il surgir haines et peurs ancestrales que la voici surfant sur cette vague réactionnaire qu’elle appelle « le Peuple de France » (et qu’elle essaiera de remobiliser sans succès contre l’IVG). Les femmes et les hommes homosexuels seraient-ils des intrus dans la communauté nationale, aux yeux de cette ancienne élue? Oui, a priori. Après tout, ils et elles « n’ont qu’à se marier! » Avec les personnes aimées? Non, bien sûr: « Avec des gens du sexe opposé ». Les 3 petits singes, en somme. Cachez ces vices qui vous habitent et jouez le jeu, pour le bien de la société!

Alors, tout le monde a bien compris ses positions qui ont, aussi, droit de cité en Démocratie. Après tout, les hurluberlus enfermés dans leur monde et coupés des réalités sociales ne manquent pas. Doit-on donc encore se préoccuper de ses excès, livre saint en main ou pas, et autres tentatives de récupération politique? Malheureusement, oui.

Car j’observe mon pays et je souffre en voyant ces tranches entières de la population qui se radicalisent. Telle séquence, l’antisémitisme qui resurgit; tel jour, les tafioles; le lendemain, des bananes et des images de primates réservées à une ministre noire; de plus en plus commune, l’expression « dictature socialiste » qui fleurit (et que Mme Boutin, habile, via les réseaux sociaux, utilise fiévreusement). Parfois, des Roms promis aux flammes. Le pays semble s’enfoncer dans un obscurantisme crasseux, que seule la crise ne saurait expliquer.

Alors, je réagis sans être ni penseur, ni journaliste, ni, ni, mais simple citoyen qui considère que c’est justement, face à ces extrêmes qui gangrènent les pensées, peu à peu, aux quidams hallucinés par ces propos ignominieux, de réagir. Mme Boutin parle de l’homosexualité comme d’une abomination.
– « C’est écrit dans la Bible! », se justifie-t-elle. Mais, là est le problème, Mme.

En quoi vos croyances personnelles ont-elles à peser sur le débat public? Il est vrai que, vous l’avez brandi lors du débat du mariage et concernant l’avortement, dans une certaine indifférence choquante (car révélatrice de l’apathie de nos pensées): « Il existe des lois supérieures à celles de la République. » Mme l’ancienne ministre, non. Non, en République: seules ses lois comptent. Prenant exemple sur la start-up familiale Le Pen, Christine Boutin mise sur le temps pour le succès de ses « idées ».

Insidieusement, faisant tomber les digues les unes après les autres, « libérant la parole » disent-ils. Peu de réactions de la part de la classe politique. Ils semblent s’habituer à la haine. Mr Copé tweete une réprimande pour ce membre turbulent de la famille. Mais, Monsieur, on ne peut gronder mollement d’un côté et protéger de l’autre. Vos double jeux ont des conséquences sur la vie des gens. Des gens qui ne sont pas des catégories, des concepts, des sujets de débat mais, des hommes, des femmes, des adolescents qui n’attendent pas votre commisération ou votre acceptation (trop gentil, merci) mais seulement espèrent et se battent pour un vivre-ensemble apaisé, entre citoyens différents, enrichis par la différence, et tolérants.

J’espère, Madame, que vous serez condamnée pour vos propos immondes. J’espère aussi, Madame, que vous comprendrez un jour, enfin, votre livre de chevet.

>> Adressons ensemble au Procureur de La République, EN « RECOMMANDÉ AVEC AR », un courrier pour lui signifier notre indignation et demander la condamnation de Madame Boutin.
>> Une lettre type est possible en y proposant quelques variantes. Par exemple, en tant qu’hétéro, on peut être choqué et touché par tant de propos haineux. En tant que gay, on est atteint dans sa chair. Je suis LGBTI, suis-je pour autant une abomination ? Certainement non. Pourtant cette femme, pas ses propos le laissent entendre. Nous préparons de toute façon cette lettre type que vous pourrez ensuite modifier, mais rien ne vous oblige à spécifier en détail les conséquences pour soi même.

Nous partagerons demain cette « lettre type » donc, ainsi validée par avocat pour vous faciliter la démarche. Et comme anticipée par notre amie, partenaire, citoyenne et militante, Isabelle Bonal, nous devons toutes et tous nous mobiliser.