L’ancien archevêque anglican sud-africain Desmond Tutu, prix Nobel de la Paix, a appelé mercredi l’Ouganda à abandonner un projet de loi durcissant les peines contre les actes homosexuels, comparant cette volonté de « criminaliser » des « actes d’amour » à « l’apartheid » dans son pays.
« Le Parlement ougandais envisage, de façon incroyable, une nouvelle législation qui aurait pour effet de légaliser la persécution, la discrimination, la haine et les préjugés, » écrit-il dans une lettre publiée dans le quotidien indépendant ougandais Daily monitor.
Si le projet de loi était adopté, « il criminaliserait les actes d’amour entre certaines catégories de personnes, de la même façon que le gouvernement de l’apartheid avait fait un crime des relations intimes entre des Sud-Africains noirs et blancs », poursuit Desmond Tutu.
« Dieu ne dit pas que noir est mieux que blanc, que grand est mieux que petit, que les joueurs de football sont meilleurs que les joueurs de basketball, que les chrétiens sont meilleurs que les musulmans, que les homosexuels sont meilleurs que les hétérosexuels, » ajoute-t-il.
Desmond Tutu avait reçu le prix Nobel de la paix en 1984 pour son rôle dans la lutte contre la ségrégation des populations basée sur le critère de la couleur de la peau qui était pratiquée en Afrique du Sud.
Déposé pour la première fois en 2009 et ressorti des cartons début 2012, le projet de loi ougandais controversé, intitulé « Projet de loi anti-homosexualité », prévoit de durcir la législation actuelle, qui punit pourtant déjà de la prison à perpétuité les relations homosexuelles.
Même si l’initiateur de la législation en préparation, le député David Bahati, a promis que cette disposition allait au bout du compte sauter, le texte prévoit encore la mort en cas d' »homosexualité aggravée », à savoir les relations homosexuelles en récidive, avec un mineur ou pour un séropositif.
La « promotion » de l’homosexualité serai t, elle, punie de cinq à sept ans de prison.
Le président américain Barack Obama a lui aussi qualifié le texte d' »odieux ».
Face aux critiques internationales, le gouvernement ougandais a assuré ne pas soutenir le projet, mais défendu le fait qu’il soit débattu devant le Parlement.