Le Truvada, traitement préventif du VIH-SIDA, déjà prescrit depuis la fin de l’année dernière de façon encadrée à l’hôpital, va pouvoir l’être également dans les centres gratuits d’information et de dépistage, a indiqué jeudi Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé.
Désormais, les médecins expérimentés qui exercent dans les centres associatifs de proximité (CeGIDD) pourront le proposer aux personnes les plus exposées et les moins réceptives aux outils classiques de prévention.
Annoncée à l’occasion de la réunion de haut-niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la fin du SIDA à New-York, cette mesure vient ainsi compléter l’arsenal déjà déployé par la ministre pour toucher les personnes les plus éloignées de la prévention et du dépistage. Les associations pourront aussi réaliser des dépistages communautaires par tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) et proposer des autotests de dépistage gratuitement aux usagers :
« Grâce aux tests rapides d’orientation diagnostique (TROD), aux autotests et à la prophylaxie pré-exposition (PrEP) par le Truvada, nous allons vers toutes les populations, même les plus éloignées. Pour mener ce travail, nous avançons main dans la main avec les associations, dont je veux saluer le rôle au quotidien. Aller vers les populations les plus éloignées du système de santé, voilà la clé pour combattre, et à terme éradiquer le virus du Sida », souligne Marisol Touraine, qui rappelle toutefois que le Truvada n’a pas vocation à se substituer au préservatif, moyen de prévention prioritaire, efficace dans 99 % des cas contre le SIDA.
Dans son intervention en séance plénière de la réunion à l’ONU, la ministre a également déploré que la déclaration adoptée mercredi ne mette davantage l’accent sur les populations les plus exposées : migrants, hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, prostituées, personnes trans ou détenus.
« Notre ambition est collective et indéfectible : nous voulons mettre fin au Sida. Plus qu’une ambition, c’est un engagement porté dans le cadre de l’agenda mondial pour le développement (…) La prévention, nous la menons dans tous les territoires, à l’égard de toutes les populations, et aussi à tous les âges. Nous avons fait le choix d’autoriser le dépistage des mineurs sans consentement parental. C’est également dans cette logique que je présenterai prochainement une stratégie nationale globale de santé sexuelle pour apprendre aux plus jeunes les gestes qui protègent et pour garantir les droits sexuels et reproductifs.
Cette approche ciblée doit s’appliquer partout dans le monde. C’est un impératif éthique, un impératif de justice, mais aussi un impératif d’efficacité. A cet égard, la France regrette que nous n’ayons pas été en mesure de prendre pleinement en compte les populations clés dans notre déclaration. En revanche, la France salue les stratégies coordonnées d’ONUSIDA, du Fonds mondial contre le sida, le paludisme et la tuberculose et de l’Organisation mondiale de la Santé. La France appelle tous les Etats membres à les mettre en œuvre et accompagnera ceux qui s’engageront dans cette voie. »
Le Truvada est une combinaison d’antirétroviraux qui a été mise sur le marché l’année dernière en tant que traitement pour les malades du sida. Il s’est ensuite avéré que, pris quotidiennement ou même quelques heures avant et après une relation sexuelle, il permettait à des personnes séronégatives de réduire très fortement le risque d’être contaminées par le VIH. 800 personnes ont déjà reçu cette prophylaxie pré-exposition en milieu hospitalier.
Valentine Monceau
stophomophobie.org