« La plus forte augmentation de nouvelles infections par le VIH dans le monde a été observée en Russie », a déclaré ce 30 novembre Deborah Birx, Ambassadrice et Coordinatrice mondiale de lutte contre le sida aux USA.
« En raison principalement de certains groupes de population et du manque de réactivité face à la profondeur et à l’ampleur de l’épidémie dans ce pays », a-t-elle ajouté, sans toutefois citer de chiffres, lors de son discours à l’occasion de la Journée mondiale du 1er décembre.
Plus d’un million de personnes vivent actuellement avec le VIH en Russie, principalement infectées par des pratiques liées à l’usage de drogues. L’épidémie sévit dans l’indifférence, sinon les préjugés. Mais pour les experts du Kremlin, la faute en incombe par-dessus tout à l’industrie des préservatifs, « intéressée à commercialiser ses produits » en incitant « les jeunes et mineurs, à avoir des rapports sexuels précoces ».
Les campagnes publiques d’information décrivent donc la fidélité ou l’abstinence comme seules armes pour combattre le virus. Incidemment, le nombre de morts liés a augmenté de 48% en Europe de l’est et de 38% en Asie centrale.
L’objectif fixé par l’Onusida au niveau mondial est d’atteindre en 2020 les « 3 fois 90 » : 90% des personnes vivant avec le VIH soient diagnostiquées, 90% des personnes diagnostiquées soient sous traitement antirétroviral (ARV) et que 90% des personnes sous traitement aient une virémie contrôlée, pour l’élimination de toute nouvelle infection en 2030. Mais la Russie fonce vers une épidémie généralisée d’ici 2021 si rien n’est fait.
Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’Onusida, a d’ailleurs réagi, rappelant dans un entretien sur le quotidien Kommersant, que la Russie était le troisième pays au monde en termes de nouvelles infections par le VIH, après l’Afrique du Sud et le Nigeria. Il estime néanmoins qu’elle peut enrayer l’épidémie, « la Russie a la science, les ressources, mais il faut aussi une forte volonté politique et des stratégies. »