Quand Nicolas Sarkozy explique pourquoi on ne pourra pas revenir sur la loi Taubira

« Le mariage pour tous, je m’en fous. Ce n’est pas un sujet. Moi, de toute façon, j’avais toujours défendu une union civile.« 

Voilà ce qu’a lâché Nicolas Sarkozy à l’un de ses visiteurs au cap Nègre cet été. Selon l’entourage de l’ancien président, Sarkozy n’aurait jamais repris à son compte l’expression « fascisme en loden ». Le visiteur estival de Sarkozy, qui a rapporté ces propos au « Nouvel Observateur », les aurait mal interprétés. D’après le cabinet de l’ancien chef de l’Etat, c’est Jacques Attali qui aurait employé l’expression l’hiver dernier devant Sarkozy qui en aurait été choqué et y aurait vu le signe du « sectarisme » de la gauche. Cet été, il aurait cité le mot d’Attali devant son visiteur pour exprimer qu’il fallait justement éviter d’opposer ainsi les Français les uns aux autres.

Pour autant, il prend soin de ne pas couper les ponts avec ces électeurs-là. Devant les animateurs du mouvement Sens commun, issu de la Manif pour tous, il a expliqué pourquoi on ne pourrait pas revenir sur la loi Taubira. On l’aura compris, l’ancien président n’entend pas se laisser enfermer par la droite tradi et conservatrice.

Et puis Sarkozy n’aime rien tant que surprendre et prendre la gauche à contre-pied. Les Français n’attendent – encore ? – qu’une chose de leurs leaders politiques : ont-ils les solutions pour sortir le pays de la crise ? Mais, compte tenu du bilan décevant de son quinquennat, la question se pose encore plus à Nicolas Sarkozy qu’à d’autres. Autour de quelles valeurs, de quelle vision de la France entend-il rassembler ? Il y travaille, paraît-il, avec des gens « nouveaux » dans le plus grand secret Pendant l’été, il a donné une esquisse de son approche à « Valeurs actuelles » en parlant d’une France où l’on serait « libre, fraternel et différent ». Différent ? Faut-il comprendre qu’il fera, une fois encore, l’éloge du communautarisme ?

Rassembler à droite, au centre, les déçus d’Hollande…

Lorsqu’il a taclé Fillon sur le thème « Bonne chance à ceux qui veulent gagner en promettant la retraite à 68 ans et les 39 heures payées 35 », on a compris qu’il ne défendrait pas une ligne libérale. Qu’en sera-t-il maintenant que Valls s’engage dans cette voie-là ? Sarkozy est confronté à la quadrature du cercle : il doit reconquérir les milieux économiques qu’il a déçus, les catégories populaires qui veulent plus de protection, répondre au ras-le-bol fiscal mais réduire le déficit…

Il veut « rassembler » à droite, au centre et aussi à gauche les déçus de Hollande ; tenir une position « centrale », mais pas de centriste mou. Son conseiller Pierre Giacometti le dit sans ambages : comme Sarkozy, il croit plus à la qualité des hommes, à leur crédibilité et à leur capacité d’incarnation. Au moins, voilà qui est clair.

Carole Barjon – Le Nouvel Observateur

L’ex-chef de l’Etat n’avait-il pas assuré ne pas revenir en politique si jamais il venait à perdre la présidence ?