Ce vendredi 20 novembre, le mouvement contre l’égalité organisait à Toulouse « une grand-messe de la bienpensance » salle Jean Mermoz, avec les candidats têtes de liste aux élections régionales en Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées. Sans surprise, parmi les nombreux prétendants à la présidence de région, seuls les candidats de droite et d’extrême-droite ont répondu à l’appel : Daniel Lempereur (Debout La France), Jean-Claude Martinez (Force France Sud), Dominique Reynié (Les Républicains) et Louis Aliot (Front National). A l’intérieur, sur les tables : sweat-shirt, lunettes, livres et même serviettes de bain aux couleurs du collectif. « S’il vous plait, c’est pour l’organisation de la soirée … » Il est par ailleurs possible de réaliser des « dons défiscalisés ». Devant la scène, des sièges avec les noms des candidats invités mais absents. « C’est la politique de la chaise vide », affirme un auditeur venu. Aux premiers rangs toujours, des élus toulousains comme Jean-Baptiste de Scorraille, conseiller départemental de Haute-Garonne et conseiller municipal délégué (LR) à Toulouse, mais aussi les conseillères régionales Elisabeth Pouchelon (LR) et Marie-Pierre Chaumette (Mpf).
« Un joli drapeau rose pour les filles et un bleu pour les grands garçons » : le débat n’a pas encore commencé mais le ton est déjà donné. Après tirage au sort, Damien Lempereur sera le premier candidat à s’installer sur la tribune : « C’est pas les bobos parisiens de Canal + qui doivent dicter nos valeurs ! »
Le plus jeune des candidats, trentenaire et avocat spécialisé dans le droit du travail, déplore l’attention portée par Manuel Valls contre la Manif pour tous alors qu’elle aurait dû se concentrer sur des terroristes en puissance. Revenant sur les récents attentats à Paris, le candidat souverainiste se « demande si l’ensemble des efforts de police qui ont été mis en œuvre contre le collectif anti-égalité, l’auront également été à propos des fichés S ». il faut mettre en place une véritable « politique familiale volontariste, nataliste ».
L’ancien directeur de campagne de Nicolas Dupont-Aignan s’oppose également au financement des associations communautaires et souligne constater que l’état d’urgence a au moins un mérite : celui de libérer la parole sur l’immigration. Dans la salle, l’ex-égérie Virginie Tellenne alias Frigide Barjot assiste à la scène et s’étonne des propos du candidat de Debout la France.
Jean-Claude Martinez, anciennement député et député européen, soutien infaillible de l’inénarrable Christine Boutin, prend ensuite la parole. Ancien vice-président du Front national de 1985 à 2008, il est la tête de liste Force France sud. Entre deux attaques contre Christiane Taubira, il propose de rendre hommage à Diesel, le berger allemand mort dans l’assaut contre les terroristes de Daesh, sous les applaudissements graves du public.
Troisième candidat à s’installer, Dominique Reynié, sous l’étiquette LR-UDI. Opposé à « l’enseignement de l’idéologie du genre », il reste favorable au mariage aux couples de même sexe. Quelques huées se font alors entendre. Il assure néanmoins avoir pris position pour la libération de Nicolas Bernard-Buss, militant anti-mariage homosexuel et cadre fondateur du mouvement des Veilleurs, condamné en 2013 à de la prison puis à une simple amende, pour avoir manifesté sans autorisation et s’être rebellé lors de son arrestation. Il propose de créer une commission « Famille » au sein de la nouvelle région.
Dans toutes les interventions des candidats, le journaliste Geoffroy Lejeune de Valeurs Actuelles, interroge les têtes de liste sur la supposée opacité sur « l’attribution des subventions » régionales. Certaines d’entre-elles seraient attribuées au syndicat étudiant UNEF, d’autres à des « associations communautaires » pour ne pas dire confessionnelle ou en dehors de la région, comme cette « association située à Montreuil ».
Normalement, comme tout journaliste qui se respecte, toute interview -même sous forme de réunion publique- se prépare. Or, cette question est un non sens. Il suffit de quelques clics sur Internet pour trouver une liste exhaustive et détaillée des subventions accordées par le conseil régional Midi-Pyrénées. Certes, ladite liste date de 2013 mais affirmer, en tant que journaliste, qu’une information serait sciemment cachée alors que c’est faux est une imposture intellectuelle grave.
L’intervention du candidat de droite et du centre s’achève sous les huées déclenchées au fond de la salle. A contrario, lorsque Louis Aliot est annoncé au micro pour le dernier débat. De larges salves d’applaudissements retentissent, mieux plusieurs dizaines d’auditeurs se lèvent spontanément. Le candidat d’extrême-droite rappelle qu’il a signé en 2014 « la charte des municipales ». Quant à la questions de l’attribution des subventions, Louis Aliot confirme qu’ « avec [lui il n’y aura] plus de soutien idéologique aux associations communautaires ou anti-France ». La salle exulte, elle applaudit chaleureusement le candidat, qui va conclure la soirée en rappelant que le combat pour la famille était fondamental et que « c’est un combat que La Manif Pour Tous doit mener seule, sans influence des partis politiques ». Il propose donc la suppression des subventions au Planning Familial et pleure le gaspillage de l’argent du contribuable dans un art contemporain à tendance pédopornographique.
Comme les précédents orateurs, il est questionné sur son lien à l’enseignement privé. Préoccupation fondamentale des auditeurs présents à en juger par les réactions qu’elle suscite, la reconsidération de l’école privée est unanimement prônée. Réaffirmant « la famille, la nation, la vie » comme piliers fondamentaux de sa pensée, le compagnon de Marine Le Pen quitte la scène sous les acclamations d’un public pourtant loin de son électorat traditionnel.
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— Act Up Sud-ouest (@actupsudouest) 20 Novembre 2015
Ça vous fait froid dans le dos ? Ne pas se prononcer reviendrait à consentir. Le 6 décembre prochain, mobilisons nous et votons juste. Pas juste « blanc ». Ce serait laisser sa voix aux autres.
Avec aparté.com et France3régions