Le juge du tribunal de première instance a décidé de reporter le procès des deux jeunes filles de 16 et 17 ans qui avaient été arrêtées le 27 octobre dernier pour « homosexualité, vagabondage et détention d’images indécentes », a indiqué à l’AFP Omar Arbib, représentant local de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH).
Dénoncées par l’une des familles qui soupçonnait une relation « déviante », elles avaient été emprisonnées puis remises en liberté provisoire jeudi.
Plusieurs avocats auraient également demandé à rejoindre leur défense, d’où le renvoi de l’audience au 25 novembre, pour une « meilleure préparation du dossier » et différer sans doute aussi la polémique à l’après conférence internationale sur le climat, la « COP 22 », qui se tient jusqu’au 18 à Marrakech.
Le Comité des droits de l’homme des Nations unies, vient d’ailleurs d’adopter cette semaine ses résolutions finales dans le cadre de l’examen périodique du Maroc, et a invité le royaume à « remettre en liberté quiconque se trouve en détention uniquement au motif de relations sexuelles librement et mutuellement consenties », ainsi qu’à « mettre fin à la stigmatisation sociale de l’homosexualité ».
Mais les adolescentes encourent toujours de six mois à trois ans de prison pour s’être embrassées et enlacées : « des actes licencieux et contre-nature », selon l’article 489 du code pénal marocain.
Dans un communiqué, une vingtaine d’associations et collectifs, dont l’AMDH, ont condamné l’arrestation, ainsi que « les conditions de détention et mauvais traitements durant toutes les étapes de l’affaire ». Elles « ont été sévèrement battues par certains membres de leur famille avant d’être remises à la police, et ont été privées de nourriture pendant trois jours. L’une d’entre elles a été forcée de signer le rapport de police sous la pression et sans être autorisée à en voir le contenu ».
Vendredi, en référence, la romancière franco-marocaine Leïla Slimani, nouveau prix Goncourt, a dénoncé une législation moyenâgeuse et appelle les Marocains à se rebeller.
Une pétition est également en ligne.
Anne V. Besnard
stophomophobie.com