« Il n’y en avait plus, mais depuis la fin du jeûne musulman, les détentions ont repris », a déclaré à l’AFP Igor Kochetkov, le directeur du réseau LGBT russe, en visite à Paris, où il devait être reçu à l’Elysée, au ministère des Affaires étrangères ainsi qu’au Sénat.
« Des dizaines de personnes nous contactent sur notre hotline, comme en mars dernier lorsqu’ils dénonçaient les persécutions, pour nous dire qu’on essaie d’accuser les gays sous de fausses preuves : du cambriolage au terrorisme. Et c’est tout récent ».
Selon le journal Novaïa Gazeta, plus de cent homosexuels ont été arrêtés ces derniers mois dans cette république conservatrice et musulmane du Caucase russe, où les autorités ont également incité proches et familles à les tuer pour « laver leur honneur ». Deux personnes auraient ainsi été assassinées et une troisième est décédée des suites d’actes de barbarie.
Mais il y en aurait eu six, affirme Igor Kochetkov, et quelque « 300 à 400 » homosexuels tchétchènes à avoir été détenus et torturés dans des lieux non officiels, comme des écoles abandonnées ou des garages.
Plus d’une soixantaine ont par ailleurs été « exfiltrés » dans d’autres provinces russes, dont 14 admis dans des pays étrangers avec « visa humanitaire et asile garanti ». L’un d’entre eux est arrivé fin mai en France.
Leurs familles ont récemment reçu la visite de la police tchétchène, qui les a forcées à signer des documents attestant qu’elles « ne déposent aucune plainte », que « leurs proches n’étaient pas gays », qu’ils « n’ont pas été maltraités » et qu’ils sont simplement « partis travailler » ailleurs en Russie. « C’était un business stable », s’est indigné le directeur du réseau LGBT russe. « La police tchétchène n’était pas contre les gays. Elles les faisait chanter. »
Mais en février, « il y a eu un ordre du gouvernement de mener des purges systématiques, qui n’ont pu se faire qu’avec l’approbation du plus haut niveau de l’exécutif », estime aussi Irina Gordienko, l’une des deux journalistes de Novaïa Gazeta ayant révélé l’affaire. « C’est Ramzan Kadyrov qui fait les règles et s’il n’aime pas quelque chose, cela doit être effacé. Là, il a juste décidé de torturer un groupe. Mais il ne pensait pas que cela serait rendu public ».