Au terme de trois semaines de débats parfois tendus, les 94 articles du texte ont recueilli la majorité requise des deux tiers des voix des 270 évêques. Les plus disputés, les trois paragraphes concernant les divorcés remariés, ont été adoptés de justesse. Concrètement, sans jamais clairement évoquer un éventuel accès à la communion de ces personnes, considérées par l’Église comme infidèles à leur premier conjoint, les évêques insistent sur un examen de chaque situation.
« On ne peut nier que, dans certaines circonstances (de la crise d’un couple), les responsabilités d’une action peuvent être diminuées ou annulées (…). Les conséquences des actes accomplis ne sont pas nécessairement les mêmes dans tous les cas », affirme le paragraphe qui a rencontré le plus d’oppositions (adopté par 178 voix contre 80).
Le synode propose ainsi de lever certaines interdictions qui frappent les divorcés remariés dans leur service « liturgique, pastoral, éducatif et institutionnel », et propose à chacun de mener un « chemin de discernement », à travers un « examen de conscience » sous la supervision d’un prêtre.
L’homosexualité n’est abordée que dans un article assurant que chacun mérite respect et dignité, tout en réitérant la ferme opposition de l’Église à toute reconnaissance des couples de même sexe, considérée « sans fondement pour établir des analogies, même lointaines, avec le dessein de Dieu sur le mariage ». Le document se contente d’appeler à un effort d’accompagnement particulier pour les proches des personnes homosexuelles.
« Aux familles qui vivent l’expérience d’avoir en leur sein des personnes homosexuelles, l’Eglise répète que chaque personne, indépendamment de sa tendance sexuelle, doit être respectée dans la dignité et accueillie avec respect, avec le souci d’éviter toute marque d’injuste discrimination ».
Selon l’archevêque autrichien de Vienne, Christoph Schönborn, un mariage civil vaut pourtant mieux qu’une simple cohabitation, parce qu’il signifie que le couple a pris un engagement formel, public, l’un vis-à-vis de l’autre. Mais une grande partie des 270 évêques ont estimé que l’homosexualité était encore « un thème trop délicat » dans le pays où ils exercent leur ministère. Les prélats africains se sont d’ailleurs montrés particulièrement inflexibles sur ce point, a-t-il précisé. Ils ont argué que cela ne ferait que semer la confusion chez les fidèles.
Le pape François a reconnu que le synode n’avait pas trouvé de « solutions exhaustives à toutes les difficultés et aux doutes qui défient et menacent la famille ». Conformément à son discours constant depuis le début de son mandat, il a estimé que l’Église catholique ne pouvait transmettre son message aux nouvelles générations dans un langage « archaïque ou simplement incompréhensible ».
Rappelons que le synode des évêques est un organe consultatif qui n’a pas le pouvoir de modifier la doctrine de l’Église. Le souverain pontife, arbitre ultime, s’est souvent dit favorable à une Église plus ouverte et plus charitable. Il pourrait se servir du document final pour écrire sa propre « exhortation apostolique ».
StopHomophobie
avec AFP