L’homophobie se porte bien en Tunisie. Ahmed Ben Amor, vice-président de l’association Shams, qui milite pour la dépénalisation de l’homosexualité, est dans le coma.
Harcèlements, injures, constamment menacé en raison de ses engagements et prises de positions pour les droits des personnes LGBT+, le jeune homme, qui confiait encore en avril dernier « vivre dans l’angoisse et la paranoïa », a tenté de mettre fin à ses jours en ingurgitant une grande quantité de médicaments, a indiqué l’association dans un communiqué, ajoutant qu’il est hospitalisé dans un état comateux.
Le geste du désespoir : « A 10h ce matin du samedi 9 juillet, Ahmed Ben Amor a fait une tentative de suicide en ingurgitant une importante quantité de médicaments. Il a été hospitalisé dans un état comateux. »
Shams considère que cela est arrivé à cause de l’homophobie familiale et sociétale et des menaces de mort que Ahmed subissait régulièrement.
Il avait témoigné il y a quelques mois, soulignant tristement qu’il était devenu « une honte » pour sa famille. Brillant élève, il était pourtant encore récemment « leur fierté ». Une réalité parfaitement dissimulée jusqu’au jour où son cousin découvre par hasard des vidéos gays dans son ordinateur. Une descente aux enfers, à laquelle viendra encore s’ajouter celle de la société.
La responsabilité du geste d’Ahmed est effectivement « à mettre à la charge des décideurs politiques et religieux d’une société qui n’a jamais été homophobe que du fait des contraintes légales et morales », insiste l’ancien diplomate Farhat Othman. « Elle est à mettre à la charge de la famille du jeune homme qui, sous l’influence de religieux haineux, l’a répudié, le donnant en proie toute trouvée à des irresponsables qui ne savent qu’user de menaces de mort pour faire peur à ceux qui n’acceptent pas leur dogmatisme criminel », ajoute le juriste, politiste, qui appelle ainsi une nouvelle fois à l’abrogation de l’article 230 du Code pénal tunisien, qui criminalise les rapports sexuels entre personnes consentantes de même sexe.
« C’est bien l’homophobie qui a acculé Ahmed à son acte extrême… L’homophobie ne harcèle pas seulement, elle peut tuer aussi en Tunisie comme elle tue ailleurs ! »
Nous sommes sous le choc et souhaitons à Ahmed un prompt rétablissement. Toute notre affection. Nous sommes Shams !