A l’occasion de la 9ème Conférence scientifique sur le sida qui s’est ouverte le 23 juillet à Paris, Aides et Coalition Plus ont dévoilé mercredi les résultats de « Flash ! PrEP in Europe », ou « FPIE », la plus grande enquête européenne jamais réalisée sur la connaissance, l’intérêt et l‘utilisation de la prophylaxie pré-exposition (qui consiste à diminuer le risque d’infection par la prise de comprimés de Truvada, combinaison d’antirétroviraux du laboratoire américain Gilead).
Réalisée par AIDES et Coalition PLUS en partenariat avec l’Université d’Amsterdam et 15 associations européennes de lutte contre le VIH, l’étude a été menée simultanément dans 12 pays et dans 10 langues entre le 15 juin et le 15 juillet 2016. Près de 16 000 personnes y ont répondu, de l’Irlande à la Roumanie et du Portugal au Danemark.
Cette enquête révèle « un réel problème d’information des publics les plus exposés sur la PrEP. Mais elle montre aussi que lorsque les personnes connaissent ce nouvel outil et ont les bonnes informations, elles se disent intéressées à l’utiliser », explique Aurélien Beaucamp, président de AIDES.
Seuls 55 % des répondants-es ayant des pratiques qui les exposent au VIH connaissent en effet l’existence du traitement. Un niveau d’information qu’il est donc urgent d’améliorer car parmi les personnes qui la connaissent, 73% se disent intéressés, exprimant ainsi clairement leur volonté de se protéger. Mais, faute d’accès autorisé, certaines d’entre-elles se voient alors contraintes de se procurer le médicament via Internet, auprès d’amis ou par détournement de prescription.
De même, seuls 8% des répondants-es déclarant des pratiques à risque y ont déjà eu recours, dont la moitié dans le cadre d’étude ou de projets de recherche.
Le prix et le non-remboursement, des inquiétudes sur les effets secondaires, ou la crainte de devoir se rendre à l’hôpital pour y avoir accès, sont autant de « freins individuels » relevés dans l’enquête, qui pourraient être levés grâce à une meilleure information et un autre modèle de dispensation (en médecine de ville par exemple). La principale barrière à son utilisation demeurant « structurelle » : faute d’autorisation dans la plupart des pays d’Europe, de remboursement par les systèmes d’assurance maladie, ou d’offre de prise en charge suffisamment adaptée aux besoins des personnes, l’accès à la PrEP reste éminemment compliqué.
« Si nous voulons avoir un réel impact sur l’épidémie, il nous faut au plus vite harmoniser les politiques européennes de lutte contre le VIH en y intégrant partout ce nouvel outil », ajoute Aurélien Beaucamp.
C’est pourquoi AIDES et Coalition PLUS appellent « à une harmonisation rapide de l’accès à la PrEP en Europe pour les publics les plus vulnérables, dans le cadre d’une prise en charge globale et dans des conditions acceptables », exhortant également les autorités et pouvoirs publics « à faire le nécessaire pour offrir une information objective, complète et éclairée sur la PrEP. »