Le Premier ministre hongrois Viktor Orban s’est fait sermonner, avec menace d’expulsion, ce jeudi 24 juin au sommet de l’UE à propos de la loi jugée homophobe adoptée la semaine dernière à Budapest. 17 pays membres, dont la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Espagne et l’Italie, avaient déjà interpellé dans une lettre les chefs de l’UE Charles Michel et Ursula von der Leyen et le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres (invité au sommet) sur la nécessité de faire respecter les valeurs européennes.
Le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel a également reproché au dirigeant souverainiste d’avoir franchi une « ligne rouge ». « Etre homosexuel n’est pas un choix. Etre homophobe l’est », a renchéri le Belge Alexander De Croo, selon une source européenne, citée par l’AFP.
La législation en question prévoit que « la pornographie et les contenus qui représentent la sexualité ou promeuvent la déviation de l’identité de genre, le changement de sexe et l’homosexualité ne doivent pas être accessibles aux moins de 18 ans ».
La Hongrie n’a « plus rien à faire dans l’UE »
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a carrément affirmé que la Hongrie, avec sa loi, n’avait « plus rien à faire dans l’Union européenne ».
Lors de la discussion, il a lancé à Viktor Orban que si les valeurs de l’UE ne lui convenaient pas, il n’avait qu’à activer l’article 50 du traité « qui a été créé pour cela » et quitter l’Union -comme l’ont fait les Britanniques-, selon la même source.
Cette loi « ne me paraît pas conforme à nos valeurs », avait plus tôt jugé le président français Emmanuel Macron, espérant pouvoir convaincre le dirigeant hongrois d’un « changement de ce texte ».
« La loi ne concerne pas les homosexuels (mais) la façon dont les parents veulent faire l’éducation sexuelle de leurs enfants », s’est défendu Viktor Orban, accusant ses homologues de ne pas l’avoir lue.
« La Hongrie ne veut pas quitter l’UE. Au contraire, nous voulons la sauver des hypocrites », a tweeté la ministre hongroise de la Justice, Judit Varga.
Le texte controversé a valu à Budapest une lettre de remontrances de la Commission, qui lui a donné jusqu’au 30 juin pour répondre. L’exécutif européen a le pouvoir d’entamer des procédures pour violation du droit européen pouvant mener à une saisine de la Cour de justice de l’UE et à des sanctions.