Zappée à Toulouse par Act Up Sud-ouest, La Manif Pour Tous dépose plainte pour « injures publiques »

Ce mardi 30 mai 2017, le Collectif anti-mariage pour tous avait invité ses sympathisants de la région toulousaine pour une réunion publique avec Ludovine de La Rochère. Rassemblement improbable alors même que l’argumentaire hostile du mouvement n’a fait qu’amplifier depuis 2012 « la haine de ceux et celles qui passent à l’acte, avec comme conséquence un taux de suicide en moyenne 4 fois plus élevé chez les personnes LGBT », déplore Act Up Sud-ouest, qui a décidé d’une action avec affiches et banderoles pour protester contre la tenue de cette réunion :

« Nous lui avons réservé un accueil à la mesure ! Nous sommes fierEs de pouvoir dire que cela fut une réussite. » Ils sont restés sur le trottoir.

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« Une nouvelle illustration des méthodes que certains sont prêts à déployer contre un mouvement pacifique, qui n’a d’autre objectif que de défendre le droit élémentaire et universel d’un enfant à avoir un père et une mère », se défend La Manif pour tous, indignée d’avoir une nouvelle fois été qualifiée d’« homophobes », « lesbophobes » et « transphobes » ou encore d’« assassins », « complices du Sida ».

Notre mouvement « ne s’attaque pas aux personnes homosexuelles » mais à des « revendications de certaines associations », avait déjà fustigé sa présidente. S’estimant victime d’intolérance et dégradation, elle a annoncé une double plainte pour « injures publiques » : « Ces activistes ont tenté d’empêcher une réunion publique, portant ainsi une grave atteinte à la liberté d’expression. »

Trois actes homophobes et transphobes par jour en 2016, selon les chiffres du ministère de l’intérieur. Alors, « quand illes se battent contre l’accès à de nouveaux droits pour les personnes LGBT (mariage, adoption, PMA, GPA…), quand illes nous discriminent, nous manquent de respect en raison de notre orientation sexuelle, illes sont bien LGBTphobes, c’est de la logique toute simple », maintient Act Up ce mercredi dans un communiqué.

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La Manif pour tous trouve injurieux de se faire « insulter » d’homophobe ou de transphobe, il ne l’est plus quand c’est juste un constat, insiste l’association : « L’adjectif homophobe est une caractérisation politique d’un discours qui dénigre les gouines, les trans, les biEs et les pédés, qui entretient l’inégalité en droits avec les hétéros, alimente les discriminations et les violences ».

Mais alors sont-illes vraiment assassins, complices du sida ? « Comment croire à une coïncidence ? », lance la Présidente d’Act Up Sud Ouest, qui revient sur les attaques orchestrées en novembre dernier autour de la campagne de prévention en direction des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), longtemps demandée par les associations de lutte contre le VIH/sida mais jugée « indécente » par la Manif pour tous.

« Les HSH sont toujours les premiers touchés par le virus, le nier et tenter d’empêcher une prévention ciblée c’est être complice du sida. Le dénigrement systématique et le rejet ont des conséquences sinistres sur nos vies et sur notre santé. Plus on est discriminéE, plus on prend de risques, et plus on s’expose aux violences et aux contaminations », explique l’association, justifiant la pertinence de toujours le rappeler : « les LGBTQI phobies tuent ! »

Emmanuel Macron a promis de faire de « la lutte contre la discrimination », l’un des « grands chantiers de son quinquennat » pour que les personnes LGBTI « se sentent en sécurité, partout dans nos villes, campagnes et quartiers, et que, plus jamais, elles n’aient à baisser la tête ni craindre pour leurs vies ». Après tant d’années de déchainements, les blessures sont loin d’être pansées. La mobilisation demeure.

Valentine Monceau
stophomophobie.org