Début, ce lundi à Liège du procès de quatre hommes, Mutlu Kizilaslan, Jérémy Wintgens, Jonathan Lekeu et Eric Parmentier, accusés d’avoir frappé à mort Ihsane Jarfi, 32 ans, pour des motifs homophobes, ce qu’ils contestent évidemment.
A l’issue d’un tirage au sort, un jury effectif de huit femmes et de quatre hommes a été constitué. Dix jurés suppléants (quatre femmes et six hommes) ont également été retenus pour former un groupe de 22 jurés qui devra statuer sur la culpabilité des accusés au terme d’un procès prévu sur 4 semaines. La salle de la cour d’assises a été spécialement adaptée pour recevoir les quatre accusés, les 17 parties civiles et les 20 avocats qui représentent ces différentes parties. Mais elle présente une capacité très limitée pour le public. Cette salle était déjà bondée rien qu’avec la présence des jurés convoqués.
Pour mémo, le lundi 23 avril 2012, un jeune homme de 22 ans se présente, en grand état d’inquiétude, au commissariat de police d’Ans/Saint-Nicolas. Mathieu Dozot vient signaler la disparition de son compagnon, Ihsane Jarfi, 32 ans, avec lequel il vit en couple depuis quatre ans, à Liège.
Le jeune homme explique aux policiers que son ami, au chômage depuis un mois, s’est rendu, le samedi précédent, à une soirée où il espérait rencontrer des gens qui auraient pu lui remettre le pied à l’étrier.
La soirée avait lieu dans un bar club privé, essentiellement fréquenté par des homosexuels.
M. Dozot confie encore que Jarfi, au profil plutôt efféminé, est très sociable, ne crache pas sur l’alcool quand il est de sortie mais ne se drogue pas. S’il lui est déjà arrivé de « découcher », il ne l’a jamais laissé très longtemps sans nouvelles.
En fin de matinée, le dimanche 22 avril, M. Dozot tente d’établir un contact téléphonique avec son compagnon. En vain. Il appelle les proches d’Ihsane Jarfi, qui ignorent où celui-ci se trouve. De plus en plus inquiet, Mathieu Dozot s’adresse au patron du bar où a eu lieu la fête. Il confirme que le jeune homme a passé la soirée dans son établissement. Un client du bar indique qu’il a vu Ihsane Jarfi monter dans une VW Polo de couleur grise.
Les policiers prennent aussitôt contact avec ce témoin. Il confirme avoir vu Jarfi échanger, depuis le trottoir longeant le bar, des propos avec quatre hommes à bord d’une Polo qui venait de se garer à sa hauteur. Jarfi serait entré dans la voiture qui a démarré.
La cellule Disparition est prévenue, des signalements sont diffusés, la famille du disparu mène une campagne d’affichage, Mathieu Dozot crée un groupe de discussion sur Facebook, des analyses téléphoniques sont demandées afin de localiser le GSM de Jarfi, on tente de déterminer si la carte bancaire de l’intéressé a été utilisée, les images des caméras de surveillance du bar sont visionnées. Mais en vain.
Le 24 avril, une jeune femme appelle la police d’Ans. Elle explique que, vers 3h30, dans la nuit du samedi au dimanche, un groupe de cinq personnes, dont elle faisait partie, discutait à un carrefour de Liège quand une Polo s’est arrêtée à sa hauteur. Le passager avant droit a provoqué verbalement les jeunes gens qui ont préféré quitter les lieux en se dispersant.
Les auditions des clients du bar se poursuivent. L’un d’eux indique que Jarfi lui a fait des propositions d’ordre sexuel. Il les a refusées et Jarfi n’a pas insisté. Une jeune femme dit avoir accompagné Jarfi, qui est fumeur, sur le trottoir.
Un autre client explique qu’une Polo grise s’est arrêtée devant le bar, que le passager assis à l’avant du véhicule a adressé la parole au duo. Jarfi se serait approché de la voiture, aurait engagé la conversation avec ses occupants puis aurait pris place à bord.