Originaire du Kansas, aux États-Unis, Kenneth Felts est « longtemps resté caché, tout au fond dans son placard », dit-il, « derrière des rangées et encore d’autres rangées de vêtements ». Il appréhendait les opinions de chacun. Perdre ses proches en s’assumant lui aurait été insupportable. « Vous pourriez être surpris de leurs réactions ».
Il a donc joué un « rôle » pour parfaire à leurs attentes, sacrifiant jusqu’à son histoire d’amour avec un homme nommé Phillip, en raison de l’homophobie ambiante. Ils s’étaient rencontrés en Californie à la fin des années 1950. « L’époque était difficile ». Mais depuis, « les choses ont évolué pour les LGBTQ, éludant mes craintes », se réjouit-il.
« Aujourd’hui, il y a davantage de soutien et de ressources disponibles ». Et, pour alléger l’austérité pendant la pandémie de coronavirus, confiné, Kenneth s’est penché sur l’écriture de autobiographie, ravivant un flot de souvenirs. Il en a parlé avec sa fille, Rebecca Mayes, évoquant pour la première fois son homosexualité et ses tentatives infructueuses pour retrouver Phillip.
« Il n’est jamais trop tard ! »
Émotion ! 20 ans plus tôt, les rôles étaient inversés. Après avoir obtenu son diplôme universitaire, Rebecca annonçait à son père qu’elle était lesbienne. « Nous l’avons soutenue avec sa mère, que je ne regrette pas d’ailleurs d’avoir épousé. Même si notre relation s’est soldée par un divorce, il y a eu Rebecca », poursuit Kenneth, qui a choisi de témoigner sur le Denver Post.
« J’ai toujours eu cette impression d’avoir deux personnalités : Ken, l’hétéro, et Larry, le gay, que j’ai enterré depuis ses 12 ans. Il était temps de le libérer », insiste-il. « J’ai prévenu mes amis par courriels et je l’ai aussi annoncé sur Facebook ». Réminiscence d’antan, « j’ai quand même un peu hésité avant de partager le message » .
Depuis, Kenneth croule sous les encouragements et commentaires de soutien. Il s’est engagé pour la cause, recueille des fonds, participe à des événements dédiés et coanime des groupes pour seniors LGBTQ sur internet. Il ne quitte plus son sweat, ses accessoires et drapeaux arc-en-ciel, et a fièrement célébré ce 20 juin la Denver Pride, lors d’une Marche virtuelle de 5KM. « Et ce n’est que le début », prévient-il.