Ils avaient été arrêtés le 24 juillet dernier à El Khroub, près de Constantine, dans le nord-est de l’Algérie, lors d’un rassemblement privé que la police, alertée par des voisins, a qualifié de « mariage homosexuel ». Ce 3 septembre, un tribunal les a reconnus coupables de « relations homosexuelles », d’« outrage public » et « mise en danger d’autrui par la violation des mesures de quarantaine relatives au Covid-19 », la fête ayant été organisée durant la période de confinement sanitaire.
Deux hommes ont ainsi été condamnés à trois ans de prison ferme et à une amende, et les autres personnes à un an avec sursis, comme le rappelle dans un communiqué Human Rights Watch (HRW).
Un avocat algérien travaillant sur cette affaire a par ailleurs déclaré que le tribunal s’était appuyé sur des rapports de police faisant état « de décorations, de fleurs et de pâtisseries » indiquant qu’un mariage était célébré, et sur l’allure prétendument « gay » des hommes présents, comme preuves de leur culpabilité. Leur pourvoi en appel n’a pas encore été programmé.
La police algérienne a arrêté 44 étudiants lors d’une fête privée qu’elle a qualifiée de « mariage gay ». Le tribunal les a condamnés à une peine de 1 à 3 ans, en se basant sur les décorations de maison et leur « apparence gay » 😤🏳️🌈https://t.co/sKwaMeAx4l pic.twitter.com/f6581Ou3vi
— HRW en français (@hrw_fr) October 15, 2020
« Que les autorités algériennes s’en prennent aux libertés individuelles n’a rien de nouveau, mais arrêter des dizaines d’étudiants en raison de leur orientation sexuelle présumée est une violation flagrante de leurs droits fondamentaux », a dénoncé dans un communiqué Rasha Younes, chercheuse auprès du programme Droits des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT) au sein d’HRW. « Elles devraient immédiatement remettre en liberté les deux hommes emprisonnés qui seraient libres aujourd’hui sans les lois algériennes régressives contre l’homosexualité. »
Depuis mars, les autorités algériennes ont interdit tous les rassemblements en vue de ralentir la propagation du Covid-19. Rompre les mesures de quarantaine et de distanciation sociale pour prendre part à un regroupement ne justifie pas des arrestations arbitraires ni une détention provisoire prolongée, insiste Human Rights Watch.
« Alors que les Algériens continuent de revendiquer leurs droits fondamentaux à manifester, les autorités consacrent leur temps et leurs ressources à réprimer les étudiants et à multiplier des accusations discriminatoires à leur encontre », a conclu Rasha Younes. « Au lieu de surveiller la vie privée de ses citoyens, le gouvernement algérien devrait entreprendre des réformes, notamment en dépénalisant les relations homosexuelles. »
En Algérie, les relations homosexuelles sont passibles de deux ans de prison maximum en vertu de l’article 338 du code pénal. En outre, l’article 333 durcit la peine pour outrage public à la pudeur, qui passe de six mois à trois ans de prison plus une amende, dans le cas d’« acte contre nature avec un individu du même sexe », que ce soit entre hommes ou entre femmes.