Le gouvernement hongrois a déposé, ce mardi 10 novembre, un projet d’amendement pour inscrire dans la Constitution que « la mère est une femme, le père est un homme » et définir le sexe comme étant uniquement celui de la naissance. Selon les précisions du texte, envoyé au Parlement par la ministre de la justice, Judit Varga, et rapporté par l’AFP, « la Hongrie protège le droit des enfants à s’identifier en fonction de leur sexe. L’éducation est assurée conformément aux valeurs fondées sur l’identité constitutionnelle de la Hongrie et la culture chrétienne ».
Depuis le mois de mai, il est déjà légalement interdit d’inscrire un changement de sexe à l’état civil dans ce pays d’Europe centrale, membre de l’Union européenne (UE), dont le premier ministre, Viktor Orban, au pouvoir depuis dix ans sans interruption, promeut « l’illibéralisme ». Le vice-Premier ministre Zsolt Semjen avait aussi évoqué la semaine dernière cette interdiction de la « propagande de genre » dans la constitution du pays, estimant que « les personnes LGBT ne devraient pas pouvoir avoir être appelées famille, car c’est une notion sacrée, ni adopter d’enfants, car le droit des enfants à un développement sain est plus fort que le besoin d’un enfant des couples homosexuels ».
Ce nouveau projet de modification de la Constitution intervient alors que Budapest s’oppose à un projet de mécanisme conditionnant le versement des fonds européens notamment au respect de la Charte des droits fondamentaux de l’UE, qui garantit entre autres les droits des minorités sexuelles et de genre. Le mécanisme communautaire doit être entériné par les Etats à la majorité qualifiée et Viktor Orban menace de veto l’ensemble du budget si ce principe est adopté.
L’Organisation des Nations unies (ONU), le Conseil de l’Europe, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et l’UE accusent régulièrement M. Orban d’adopter des lois non conformes aux valeurs et au droit européens. Par le passé, la Hongrie a été condamnée par la justice européenne pour le non-respect de ses engagements, depuis son adhésion en 2004, et de la primauté du droit communautaire sur les législations nationales.