STOP homophobie, Mousse et 64 personnes portent plainte, ce mardi 12 janvier 2021, devant la Commission nationale informatique et liberté (CNIL) contre la SNCF. Les voyageurs sont en effet tenus de cocher la case « M. » ou « Mme » lors de l’achat d’un billet de train, les contraignant à se conformer à des stéréotypes de genre dépassés.
De nombreux sites web, d’entreprises ou du gouvernement, imposent aux internautes de s’identifier en tant que « M. » ou « Mme ». La binarité de genre s’impose ainsi, dans notre cadre commercial et administratif quotidien, comme une contrainte normale, habituelle, non remise en question, à laquelle chacun est censé se conformer.
Pourtant, cette contrainte exclut les personnes qui s’identifient comme non binaires, notamment parmi les personnes Trans ou Intersexes, les « genderfucks », les Queers, mais aussi les personnes qui ne souhaitent pas restreindre leur identité à la masculinité et la féminité, celles qui parfois sont des femmes et parfois sont des hommes ou encore celle qui veulent en finir avec le patriarcat et sa police des genres.
C’est le cas de Vi-Vi, qui ne s’identifie ni comme un homme ni comme une femme, mais un peu comme les deux en même temps. Lorsqu’il-elle a fait la démarche récemment pour acheter sa carte-avantage SNCF, il-elle a dû renseigner une mention de genre qui ne correspond pas à la réalité de son ressenti. C’est également le cas de Julia, qui suit actuellement un parcours de changement de sexe. Pourquoi la contraindre à mentionner un genre qui ne correspond pas à son cheminement personnel ?
Lors d’une opération médicale, on comprend que le médecin puisse recueillir certaines informations intimes, notamment biologiques. Mais lorsqu’il s’agit d’acheter un billet de train, on comprend mal pourquoi la SNCF a besoin de connaître le genre d’une personne qui va poser son fessier sur un siège ? Le prénom, le nom et la date de naissance sont amplement suffisants pour identifier la personne.
Réduire les champs des possibles à une alternative binaire, c’est enfermer les voyageurs dans des stéréotypes de genre, c’est nier la diversité des personnes LGBTQI+ !
Pour Me Etienne Deshoulières, avocat des associations, « la plainte de Mousse et de STOP Homophobie s’appuie sur le Règlement général sur la protection des données. Elle vise symboliquement à dénoncer l’obligation de se conformer aux stéréotypes de genre lors d’un acte aussi banal que l’achat d’un billet de train sur internet. »
Au Pays-Bas, c’est près de 4% de la population qui ne s’identifie ni en tant qu’homme ni en tant que femme. D’autres pays ont officiellement reconnu le genre neutre, comme l’Australie, l’Argentine, le Canada, le Danemark, l’Inde, Malte, le Népal, la Nouvelle-Zélande et le Pakistan. Il est temps que la France tourne la page de la binarité des genres.