« Jugement historique » rendu par un tribunal de Zagreb qui « ouvre la voie à tous les couples gays et lesbiens en Croatie pour devenir des parents adoptifs ». Car s’ils peuvent conclure depuis 2014 des unions civiles qui leur accordent presque les mêmes droits qu’aux couples hétérosexuels mariés, le droit à l’adoption d’enfants n’était pas explicitement évoqué dans la législation, laissant de l’espace à une ambiguïté qui a été portée devant la justice par Mladen Kozic et Ivo Segota, couple gay qui souhaitait adopter.
Leur demande avait été rejetée en 2016 par un centre d’aide sociale sans même une évaluation initiale. Décision que le tribunal a annulé ce jeudi 6 mai, pour « explication insuffisante » du refus, notamment à propos de la conclusion que l’adoption par les partenaires de même sexe « n’est pas dans l’intérêt de l’enfant ». L’arrêt rappelle aussi que la Constitution croate garantit à tous les citoyens « les mêmes droits et libertés ».
C’est également la garantie que « les partenaires d’unions civiles ne seront pas discriminés en raison de leur orientation sexuelle » et qu’ils pourront désormais « formuler sans crainte leur demande d’adoption », a déclaré à l’AFP Daniel Martinovic, président de « Familles arc-en-ciel », une association croate de soutien aux parents de même sexe.
Il s’agit de la deuxième victoire de MM. Kozic et Segota, qui avaient réussi en 2020, et après une longue bataille juridique, à devenir famille d’accueil d’enfants, dans ce pays conservateur à majorité catholique. Des groupes religieux ont d’ailleurs fait campagne pour restreindre le droit des homosexuels à accueillir des enfants ou à adopter, alors que plus de 2.000 mineurs vivent dans les foyers de l’enfance et seulement une centaine d’entre eux sont adoptés chaque année.
Les personnes LGBT+ demeurent néanmoins victimes de discriminations et de menaces en Croatie, comme ailleurs dans les Balkans.