Le collectif « And Samm Jikko yi » (préserver les valeurs sociétales), soutenu par le rassemblement islamique du Sénégal, a organisé, ce dimanche 23 mai, à Dakar, une mobilisation pour interpeller l’État sur le déroulement de l’agenda pour la non discrimination basée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre, qui a rassemblé plusieurs milliers de manifestants. Ils demandent à ce que l’homosexualité (« et pratiques d’actes contre nature assimilées sur l’espace public »), déjà considérée comme un délit dans le pays, devienne un crime avec une peine de prison qui passerait de cinq à dix ans.
« Les homosexuels sont considérés comme des animaux qui n’ont pas le droit de vivre, qui n’ont pas le droit d’être dans la société sénégalaise. Ce sont des personnes à abattre ! », rappelle sur Francetvinfo, Djamil Bangoura, président de l’association Prudence, qui défend les droits et la santé des personnes LGBT.
Djamil sait de quoi il parle, sa vie est faite d’insultes. On le traite de « goorjigéen », un « homme femme » en wolof, mais il est surtout une cible. Le militant homosexuel a été victime de pas moins de sept agressions, dont la dernière lui a laissé une cicatrice sur le ventre : « Selon le médecin, j’ai eu de la chance mais, vous voyez, c’était profond. » Djamil évite de prendre les transports en commun, de se rendre dans des lieux publics, « pour être à l’abri de certaines problématiques », résume-t-il avec pudeur.
Djamil en appelle donc à la communauté internationale qui doit, selon lui, conditionner les aides accordées au Sénégal à la défense des personnes LGBT :
« Elle doit prendre une position très claire pour dire qu’il faut abroger l’article 319 alinéa 3 », qui pénalise l’homosexualité et qui date de l’époque où le Sénégal était français.