16 femmes et cinq hommes, qui menaient une formation parajuridique pour la protection des droits humains des minorités sexuelles, ont été arrêtés le 20 mai dernier par police ghanéenne à Ho, dans la région de la Volta au sud-est du pays. Ils sont accusés de « rassemblement illégal » et ont été depuis placés en « détention provisoire », dans l’attente d’une audition devant le tribunal, reportée au 8 juin 2021.
Selon des experts des droits de l’homme des Nations Unies, l’origine de ces arrestations résiderait bien dans la criminalisation des « comportements homosexuels consentis ». Plusieurs organisations locales l’avaient déjà dénoncé, dont LGBT+ Rights Ghana, organisatrice de l’événement.
Au Ghana, « l’activité sexuelle entre personnes de même sexe » relève de la définition de « connaissance charnelle non naturelle », en vertu de l’article 104 de la loi sur les infractions pénales de 1960 (héritière du système colonial institué par les Britanniques dans les années 1860), qui prévoit, avec une amende, des peines de 5 à 25 ans de prison.
Les experts onusiens rappellent que « la détention pour des motifs discriminatoires, notamment pour lutter contre la violence et la discrimination fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre, est arbitraire par nature et viole le droit international relatif aux droits humains ». Ils exhortent ainsi le gouvernement ghanéen à « libérer immédiatement et sans condition » ces 21 défenseurs des droits humains, qui « exerçaient pacifiquement leurs droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association. »
« Le Ghana doit veiller à ce que personne ne soit criminalisé pour avoir défendu les droits fondamentaux des personnes LGBT », ont-ils insisté.
Parmi cette quinzaine d’experts ayant condamné ces arrestations d’activistes ghanéens, figurent Victor Madrigal-Borloz, l’Expert indépendant sur la protection contre la violence et la discrimination fondées sur l’orientation sexuelle; Irene Khan, Rapporteure spéciale sur la promotion du droit à la liberté d’opinion ; Mary Lawlor, Rapporteure spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l’homme ; Clément Nyaletsossi Voule, Rapporteur spécial sur les droits à la liberté de réunion pacifique, ainsi que les dix experts du Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles et du Groupe de travail sur la détention arbitraire.
Un appel à mobilisation a également été lancé sur les réseaux avec le hashtag #ReleaseThe21