Manuel Valls, a estimé mardi que certains « groupuscules » opposés au mariage homosexuel cherchaient par leurs « actions violentes » à « déstabiliser la République » et qu’il était « temps de tourner la page » de cette réforme. « Je ne fais pas l’amalgame entre une minorité et ceux qui légitimement peuvent manifester contre un texte de loi qui ne leur plaît pas (…), mais il y a une radicalisation ; des groupuscules tentent par des actions violentes de déstabiliser la République », a déclaré le ministre de l’Intérieur sur RTL.
« Intolérable »
« Quand vous avez des groupuscules identitaires d’extrême droite à Paris ou à Lyon qui s’en prennent aux institutions, qui ne veulent pas que les ministres puissent assister à un certain nombre de manifestations, qui attendent une journaliste, en l’occurrence Caroline Fourest, gare Montparnasse à Paris, en faisant le signe nazi, (…) cela est intolérable », a-t-il martelé. Des opposants au mariage homosexuel avaient poursuivi samedi toute la journée la journaliste indépendante Caroline Fourest, perturbant à Nantes un débat auquel elle participait, bloquant son TGV et l’attendant à son retour gare Montparnasse à Paris.
« Il est temps de tourner la page » de cette réforme qui était dans le programme de François Hollande et qui a donné lieu à des débats au Parlement, a ajouté le ministre, en précisant qu’il rencontrerait « le plus vite possible, s’ils le veulent », les « organisateurs » qui ont « déposé de nombreuses demandes de manifestations » à la préfecture de Paris pour les jours à venir. Après le vote du texte au Sénat vendredi et l’accélération du calendrier parlementaire annoncée dans la foulée, les militants opposés au mariage homo ont multiplié leurs actions.
Soixante-sept opposants avaient été placés en garde à vue après avoir été interpellés dans la nuit de dimanche à lundi devant l’Assemblée nationale où ils s’apprêtaient à installer des tentes, avant d’être remis en liberté dans la journée. Lundi soir, une quarantaine de manifestants, torse nu et masque blanc sur le visage, menottés les uns aux autres, ont bloqué pendant un peu plus de 20 minutes la rue de Rivoli, artère du centre de Paris, avant d’être interpellés. Dimanche, 56 autres avaient été arrêtés aux abords du Sénat et 19 autres près de la Salle Pleyel à Paris, où Manuel Valls assistait à un concert. D’autres sont allés crier sous les fenêtres d’une ministre et d’un député favorable au projet à Bordeaux et à Nantes. À Paris, la préfecture de police a comptabilisé 201 personnes interpellées depuis vendredi.