Zak Ostmane, militant LGBT+ algérien, blogueur et cofondateur de l’association Shams France, réfugié dans l’hexagone depuis 2014, avait été drogué, séquestré, violé et battu pendant près de 36 heures dans un hôtel à Marseille en mars 2017. Le procès de ses agresseurs présumés, deux anciens militaires, un Anglais et un Américain, se tiendra pendant trois jours, les vendredi 13, lundi 16 et mardi 17 mai 2022, devant la Cour d’assises d’Aix-en-Provence.
De sortie au Polikarpov, un bar friendly de la cité phocéenne, Zak Ostmane, alors âgé de 35 ans, fait la rencontre d’un homme avec qui il repartira pour finir la soirée de ce 3 mars. « D’habitude, je suis très méfiant, je ne vais jamais chez quelqu’un comme ça », avait-il confié à La Provence. Mais Zak a été drogué sans le savoir. Et, sur le chemin, un deuxième homme va les rejoindre.
« Si tu ne te tais pas, je te tue ! »
« J’étais tellement dans les vapes que j’ai cru qu’on entrait dans une grande maison, mais c’était en fait un hôtel ». Discernement altéré, Zak Ostmane va alors être battu et violé. « J’ai visiblement eu un moment d’inconscience totale parce que quand je me suis réveillé, l’un des deux hommes était en train de me sodomiser ». Le violeur n’en dira rien à son complice mais pour Zak, attaché aux poignets et aux chevilles avec les draps du lit, les coups vont suivre, ainsi que les injures homophobes. Et ils se serviront de lui comme d’un « punching-ball », pour se défouler, jusqu’à le menacer de mort, avec un couteau lorsqu’il crie, et lui demander de « nettoyer le sang qu’il y avait sur le sol et les murs ».
Son calvaire prendra fin dans la matinée du dimanche 5 mars, soit près de 36 heures après sa rencontre avec ses deux assaillants. Alors qu’ils somnolaient toujours, Zak a vu passer une patrouille de police : « je me suis dit, soit je reste et ils vont finir par me liquider, soit j’ouvre la fenêtre et je hurle », se souvient-il. Et c’est ce qu’il a fait, alertant les policiers qui vont intervenir et arrêter les deux hommes, identifiés comme un ancien militaire de la Légion étrangère et un légionnaire du 2e régiment d’infanterie de Nîmes, signalé comme déserteur.
Encore « un problème de rejet de l’homosexualité », comme le souligne Me Etienne Deshoulières, avocat des associations STOP homophobie, et de Mousse, partie civile dans ce procès. « L’homophobie intériorisée conduit parfois les agresseurs homosexuels à commettre des actes d’extrême violence contre d’autres homosexuels ».
Il seront jugés, devant la Cour d’assises d’Aix-en-Provence, pour viol, séquestration, vol aggravé, violences aggravées et extorsion. Zak Ostmane est représenté par Me Tewfik Bouzenoune.
Auteur en 2013 d’un manifeste pour les droits des LGBTI en Algérie et d’une autobiographie, « Genre Interdit », sortie en 2016, Zak Ostmane avait déjà dû s’exiler de son pays en 2014, pour trouver refuge en France, après avoir révélé publiquement son orientation sexuelle.