Bien connue pour ses positions TERF, Dora Moutot, blogueuse et influenceuse française, a multiplié ces derniers mois ses attaques contre les personnes transgenres sur les réseaux sociaux et plateaux télé. STOP Homophobie et Mousse déposent plainte ce mercredi 15 février pour injures et appel à la haine transphobes, aux côtés de la maire de Tilloy-lez-Marchiennes, Marie Cau, et du journaliste Hanneli Victoire.
Dora Moutot s’est faite connaître via son compte Instagram @tasjoui (suivi par quelque 488k followers). Elle se définit elle-même de « femelliste, critique du genre », également appelée « Terf », pour « Trans-exclusionary radical feminist » (« Féministe radicale excluant les personnes trans »), et qui se distingue donc du mouvement féministe par l’exclusion des personnes transgenres de ses revendications.
Le 25 août 2022, Dora Moutot a ainsi qualifié le journaliste Hannlie Victoire de « femme transidentifiée », jugeant pertinent d’affirmer, « Ces gens sont des personnes malades, qui utilisent des techniques dignes du pire autoritarisme ».
Un face-à-face tendu sur France 2
Le 15 octobre suivant, dans l’émission « Quelle époque ! » sur France 2, elle a asséné sur le plateau à Marie Cau, première femme transgenre élue maire en France : « pour moi Marie Cau c’est un homme, c’est un homme transféminin », avant d’évoquer des violeurs ou meurtriers de femmes, en Angleterre ou aux USA, qui vont transitionner en prison « pour devenir des femmes », « administrativement parlant », afin d’être transférés dans des sections dédiées et violer leurs codétenues : « Je ne dis pas que toutes les personnes trans font ça, loin de là, mais on est obligé de se méfier des personnes à pénis en tant que femmes. ».
« Des propos discriminatoires, employés à dessein pour blesser leurs destinataires, en leur rappelant le rejet dont ils font l’objet dans la société française », comme le souligne Me Deshoulières, avocat des associations. « Et plus ce rejet est présent, plus l’injure aura de force. Or, la transphobie est encore très fortement ancrée, nombres de personnes transgenres vivant dans une situation de discrimination, de violence et harcèlement au quotidien. ».
Le système de perception et connaissance dans lequel sexe et genre sont nécessairement liés – système que Paul B. Preciado appelle « épistémologie de la différenciation sexuelle » – rend impensable le fait qu’une personne de sexe masculin soit de genre féminin ou qu’une personne de sexe féminin soit de genre masculin. La lutte des personnes transgenres est donc d’abord une lutte de tous les instants pour exister et être reconnues.
Alors lorsque Dora Moutot déclare qu’Hanneli Victoire est « une femme transidentifiée » et que Marie Cau est « un homme transféminin », elle frappe précisément là où cela blesse, niant leur existence en tant que personne transgenre dans une société encore largement transphobe.