Le ministre de l’éducation, qui est intervenu dans un séminaire privé ce mercredi 1er février sur la question des LGBTphobies en milieu scolaire, a également annoncé une nouvelle campagne de sensibilisation axée sur l’accueil des élèves LGBT+, pour ce 17 mai, journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie.
« Nous devons améliorer l’accueil des jeunes LGBT en s’attaquant encore plus fortement aux situations de moqueries, de violences et de harcèlement (…), faire un effort dans les programmes, dans la manière dont les sociabilités scolaires se passent », a insisté Pap Ndiaye dans un entretien sur Têtu.
« Ces élèves peuvent compter sur moi, et ils doivent pouvoir compter sur les adultes présents dans les établissements, pour mettre fin à chaque situation de harcèlement. Je veux être le ministre qui fera franchir une étape décisive dans la prise en compte des personnes LGBT+. C’est pour cela que j’ai décidé de généraliser dans toutes les académies des observatoires des LGBTphobies », a ajouté le ministre, réitérant ses propos de la mi-janvier, après le suicide du jeune Lucas à Golbey, dans les Vosges. Sa mère a estimé lundi que le harcèlement qu’il avait subi en raison de son homosexualité était « l’élément déclencheur » dans son passage à l’acte.
Parents, élèves et enseignants « désabusés »
Le ministre souhaite donc que « les portes soient grandes ouvertes » aux associations qui font de la sensibilisation concernant ces sujets, estimant que l’éducation à la sexualité était « moins clivante, notamment politiquement, que par le passé – sauf de la part de l’extrême droite » : « une réaction très bruyante » mais « qui ne reflète pas la société actuelle. »
Mais, outre les bonnes volontés, « entre ces annonces et leur application concrète, il y a tout un gouffre », regrette Matthieu, professeur dans le sud de la France, qui a réagi à ce nouveau plan énoncé par le ministre. « On adhère évidemment au propos, mais sur le terrain, ce sont nos hiérarchies qui sabotent les projets engagés, en vous laissant mariner, tout en feignant de vous appuyer. ».
Et inversement, STOP homophobie cumule les témoignages de parents d’élèves qui dénoncent un laxisme totale, un manque de volonté des enseignants, trop frileux ou carrément hostiles, alors même que l’école doit informer, sensibiliser, sécuriser, protéger et forger l’avenir.
Depuis le décès de Lucas, trois parents nous ont indiqué avoir déjoué de justesse des tentatives de suicide suite au harcèlement subi par leurs enfants. Un professeur a même eu l’indélicatesse de déplorer à une maman, les « difficultés d’avoir un enfant homosexuel. ».
Matthieu le déplore aussi : « Je suis devenu prof pour défendre, pour lutter auprès des victimes, pour être là et ne jamais abandonner. Je me suis investi. J’ai monté des actions contre les LGBTphobies. Elles ont remporté un certain succès. Mais jamais, à aucun moment, je n’ai obtenu le moindre début de soutien de la direction de mon établissement qui, pourtant, a bien su, par la suite, se gargariser de son investissement en faveur de la tolérance. Alors, oui, l’homophobie tue. On ne le répétera jamais assez. Et l’école tue aussi en laissant faire. Il faut des actions, mais la volonté de les réaliser par dessus-tout. Sinon, il y aura d’autres victimes… ».