Il y près de dix jours, vendredi 15 mars, Amos, jeune gay de 20 ans, passait la soirée dans un bar, à Paris, dans le 10ème arrondissement. Vers 22h, alors qu’il discutait avec ses ami.es de sa vie amoureuse, un individu l’a interpellé, lui a jeté un verre et une bouteille au visage, a commencé à le frapper en proférant des insultes homophobes. Alors que les insultes et les coups s’intensifiaient, Amos a quitté le bar. Dans la rue, l’agresseur, rejoint par d’autres personnes, ont couru après Amos, l’ont mis à terre et déshabillé, tout en poursuivant les insultes, les moqueries, l’humiliation, le déferlement de haine homophobe.
Les agresseurs ont filmé la scène et l’ont diffusée sur les réseaux sociaux.
Amos a déposé plainte et le parquet de Paris a annoncé l’ouverture d’une enquête pour « violences en réunion en raison de l’orientation sexuelle avec arme ayant entraîné une incapacité de travail de moins de 8 jours », et « dégradation de bien privé en réunion ».
D’une violence intense, cette agression homophobe, à la fois physique et verbale, illustre la persistance de la haine anti-LGBTI dans notre pays, malgré l’évolution des mentalités et des lois. Nous espérons que les auteurs de ces actes seront rapidement interpellés – ce qui n’est pas le cas à ce stade à notre connaissance. Nous appelons à ce qu’ils soient jugés et punis de façon exemplaire.
Si nos associations ont immédiatement dénoncé ce nouvel acte insupportable et révoltant de haine homophobe, nous déplorons que celui-ci se soit produit dans une indifférence quasi-générale. En effet, il aura fallu attendre trois jours pour que le Gouvernement réagisse. Ce n’est pas la première fois que nous constatons une secondarisation de la question de la lutte contre les LGBTIphobies. Tout acte de violence commis à l’encontre d’une personne lesbienne, gay, bi, trans ou intersexe, à raison de l’orientation sexuelle ou amoureuse ou de l’identité de genre, doit être systématiquement condamné au plus haut niveau de l’État. Ne pas le faire, c’est ajouter du silence à la violence et à l’humiliation subie par la victime. C’est en rabattre sur le principe d’égalité, les valeurs de la République. Que signifie, en effet, le silence du Gouvernement, et à travers lui, de la République, lorsqu’un jeune gay, ou de façon générale une personne LGBTI se fait rouer de coup, insulter, humilier de la sorte ?
Comment le Gouvernement peut-il se passer de condamnation ferme, face à la violence de l’agression homophobe d’Amos, alors que les personnes LGBTI, ne peuvent toujours pas, en 2024, se tenir la main ou s’embrasser dans la rue, montrer des signes d’affection en public, sans s’exposer à un risque d’insultes, à des violences ?
La demande de politiques efficaces contre les LGBTIphobies et pour l’égalité n’est pas un supplément d’âme, la touche progressiste ou « inclusive » d’un programme électoral, encore moins une « question sociétale » traitée deux fois l’an, au moment des marches ou du 17 mai. Elle ne peut faire l’objet d’un simple plan gouvernemental dont de nombreuses mesures sont insuffisamment financées et ne sont pas réellement suivies d’effets, comme en atteste le rapport d’évaluation Plan national d’action pour l’égalité, contre la haine et les discriminations anti-LGBT+ 2020-2023, réalisé à la demande du Gouvernement par la commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), publié le 30 novembre 2023.
Enfin, ce plan est piloté par une administration dédiée, la délégation interministérielle contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBTI (Dilcrah), placée sous l’autorité du Premier ministre, dont les moyens d’action sont très largement insuffisants (près de 20 agents dont 3 seulement travaillent sur les sujets d’égalité LGBTI) et qui doivent être renforcés. Ce manque de moyens humains et financiers ne permettra pas à la République, si rien n’est fait, si rien n’est décidé, d’honorer sa promesse d’égalité des personnes LGBTI. Dans ce contexte, nous appelons solennellement à un rassemblement en soutien à Amos, ce jeudi 28 mars à 18h30, Place de la République, à Paris, afin :
D’exprimer notre révolte à la suite de l’agression homophobe insupportable vécue par Amos ; demander au Gouvernement, et plus particulièrement la ministre chargée de la lutte contre la haine anti-LGBTI, Mme Aurore Bergé, de condamner systématiquement tout acte de violences anti-LGBTI ; et renforcer les moyens humains et financiers de la délégation interministérielle contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBTI (Dilcrah), placée sous l’autorité du Premier ministre.
SOS homophobie
STOP homophobie
Centre LGBTQI+ de Paris / IDF