Dans un courrier adressé au Premier Ministre Gabriel Attal, et relayé sur Têtu, 57 associations, dont STOP homophobie, dénoncent « l’inaction et le silence assourdissant » des pouvoirs publics face à la montée des agressions LGBTphobes recensées dans toute la France.
« Depuis maintenant deux ans, cette vague de haine progresse sans rencontrer de véritable opposition (…) Nous avons le droit de vivre dans l’espace public en sécurité, librement et sereinement, sans avoir peur. Nous avons les mêmes droits que le reste de la population. Nous ne pouvons tolérer la menace et les intimidations de la part d’une frange marginale de plus en plus hostile et véhémente ».
Nous appelons le Premier Ministre « à faire preuve de courage politique » et réclamons :
– Une condamnation systématique et sans équivoque de toutes les formes de violence, de haine et d’agression à l’encontre des personnes, des associations et symboles LGBTQIA+, au plus haut niveau de l’État, sans que nous ayons besoin de faire pression pour espérer une réaction institutionnelle.
– Une analyse quantitative et qualitative du précédent Plan national d’actions pour l’égalité des droits, contre la haine et les discriminations anti-LGBT+ (2020-2023) afin d’en tirer des enseignements concrets, en complément du rapport d’évaluation réalisé par la CNCDH.
– Une mise en route effective du Plan national pour l’égalité, contre la haine et les discriminations anti LGBT+ (2023-2026), avec des moyens accrus et pérennes, avec un pilotage réunissant les associations LGBTQIA+ initialement auditées lors de son élaboration. À cette date, nous attendons toujours la première réunion suite aux premières annonces, de 2023…
– Une réelle prise en compte de nos rôles, expertises et revendications, en commençant par une rencontre systématique avec les associations LGBTQI+. À date, et ce malgré nos demandes, nombres d’associations, dont l’Inter-LGBT, ne se sont vu proposer de rencontre avec le ministère chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes et la Lutte contre les discriminations, et ses structures afférentes, alors qu’un remaniement a eu lieu le 11 janvier dernier.
Aussi au regard de l’actualité, nous réclamons la mise en pratique effective des mesures du plan actuel suivantes :
– Renforcer la formation initiale et continue des policiers et gendarmes aux enjeux d’inclusion et de lutte contre les actes LGBTphobes, avec notamment la mise en place de sessions de formation et de sensibilisation annuelles dans tous les commissariats et gendarmeries afin d’assurer la prise en compte effective de nos plaintes et un réel accompagnement des victimes, qui se voient encore trop souvent mises en doute et décrédibilisées lors du dépôt de leur plainte.
– Identifier et répertorier les lieux et les actes d’agression LGBTphobes pour y renforcer la protection des personnes et des biens, avec notamment un suivi chiffré et mis à jour, le tout accessible, et adossé à un comité de suivi mensuel en partenariat avec les associations LGBTQI+ afin d’y apporter nos expertises et proposer des solutions réalistes et réalisables. Nos associations ne peuvent se substituer au travail des institutions en matière d’identification et de répertoire. Nous pouvons vous y aider, pas vous remplacer.
– Responsabiliser et accompagner les territoires sous le pilotage des préfets et des procureurs de la République, en réunissant réellement dans tous les territoires tous les CORAH et en dédiant autant que cela s’impose, des groupes de travail spécifiques aux questions LGBTQIA+, au contrôle et à la mise en œuvre du plan LGBT+ ainsi qu’au suivi des agressions et des lieux d’agression et aux mesures de prévention et de luttes contre la haine anti-LGBT+ qui en découlent.
Enfin, au vue du contexte particulièrement transphobes, des deux propositions de lois au Sénat et à l’Assemblée nationale contre le droit des mineurs et personnes trans, nous réclamons qu’un plan spécifique sur les questions trans et contre la transphobie, grandes absentes du plan LGBT+ 2023-2026, soit travaillé en réunissant les associations LGBTQI+ concernées.
À l’approche de la Journée internationale contre les LGBT+phobies, des JO de Paris et du mois des Fiertés, « il ne tient qu’à vous de décider de l’image que vous souhaitez offrir au monde. Celle d’un État de droit, attaché aux droits humains et aux libertés fondamentales et qui a fait de la lutte contre toutes les discriminations un véritable pilier de son action, ou celle d’un État qui laisse s’installer silencieusement une violence décomplexée contre l’ensemble des personnes LGBTQIA+. Nous sommes sûr·es que ce n’est pas l’image du pays des droits humains et des libertés fondamentales que vous défendez. ».