Louise, 17 ans, victime de deux agressions homophobes à Poitiers

Louise (nous avons changé son prénom) est une étudiante mineure âgée de 17 ans. Elle se définit comme lesbienne et militante du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste). Son engagement pour le « Mariage pour tous » lui a valu deux agressions dans les rues de Poitiers à 48 h. d’intervalle.

Louise a longtemps hésité avant de venir nous parler. Elle n’a accepté de livrer son témoignage que contre la garantie de demeurer anonyme. Mineure, elle n’a pas voulu porter plainte « pour ne pas inquiéter ses parents » qui n’ignorent rien de son engagement politique et de son orientation sexuelle.
Les deux agressions dont elle a été l’objet ont pourtant laissé des traces, et pas seulement physiques. Si elle décide de livrer son témoignage, c’est pour confier son incompréhension mais aussi pour dire qu’on peut être agressé à Poitiers en se faisant traiter de « sale gouine !« 

Comment s’est passée la première agression ?

C’était le dimanche 21 avril. Avec d’autres militants du NPA, nous avions décidé de manifester contre ceux qui se réunissaient pour dénoncer le projet de « Mariage pour tous ». On s’est rendus au parc Blossac très calmement (là où s’étaient donné rendez-vous les anti-mariage pour tous-ndlr) et nous sommes repartis chez nous en fin d’après-midi. En regagnant mon domicile en plein centre de ville de Poitiers, deux hommes avec une carrure imposante m’ont arrêtée. Ils m’ont lancé des insultes homophobes et reproché mon appartenance à l’extrême-gauche. Ils m’ont mise à terre et m’ont frappé violemment. Je n’ai rien pu faire d’autre que d’essayer de me protéger avec mes bras.

Vous étiez seule dans la rue, sans signe distinctif, comment ont-ils pu vous identifier ?

J’ai eu l’impression qu’ils m’attendaient, qu’ils connaissaient mon engagement. Ils m’ont traité de « sale gouine » en me disant qu’il n’y avait que des homosexuels dans les mouvements qui défendaient le « Mariage pour tous ». Je me suis réfugiée ensuite chez moi et j’ai appelé des amis pour qu’ils viennent me soutenir.

Quelles ont été les répercussions de cette agression sur un plan personnel ?

Je tremblais de peur, plus personne ne pouvait m’approcher. J’étais vraiment mal en me demandant pourquoi j’avais eu à subir cette violence. Il m’a fallu du temps pour m’en remettre. Ce qui était impensable pour moi, c’est que des gens puissent reprocher à une personne d’être homosexuelle. On m’a reproché d’être moi !

48 h après, vous subissez une nouvelle agression ?

Oui, je marchais seule dans la Grand rue à Poitiers pour rentrer chez moi. Je n’ai rien vu venir : un homme s’est approché, m’a frappé au visage avant de partir en courant sans dire un mot. Je me suis effondrée une nouvelle fois et cette deuxième agression m’a vraiment inquiété. J’ai du mal à sortir seule pour marcher. J’ai peur. Certains regards me font peur. J’ai perdu le sommeil, l’appétit et du coup j’ai décidé d’en parler parce que d’autres personnes se taisent alors qu’elles ont également été victimes d’agressions de ce genre.

Propos recueillis par Bernard Dussol