En marge de la Journée internationale contre les LGBT+phobies, l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA) a publié, ce mardi 14 mai, les résultats de sa dernière enquête sur la situation des LGBT+ au sein de 27 États membres de l’UE, ainsi qu’en Albanie, en Serbie et en Macédoine du Nord..
Le « paradoxe » européen
Bien qu’un nombre croissant de personnes choisissent désormais de vivre ouvertement leur identité (52% contre 46% en 2019), elles sont de plus en plus confrontées à la violence, au harcèlement et à l’intimidation, en particulier les jeunes, qui se retrouvent dans une situation de vulnérabilité accrue.
Selon ce troisième rapport (2012, 2019, 2023), intitulé « LGBTIQ equality at a crossroads – Progress and challenges », 14 % des plus de 100 000 répondants ont déclaré avoir été agressés physiquement ou sexuellement, contre 11 % en 2019. Moins de 20% des faits sont signalés. 54 % des personnes évitent même de se tenir la main, dont 60 % en France, par crainte d’être attaquées.
Plus de la moitié des personnes LGBT+ (55 %) ont été harcelés au cours de l’année précédant l’enquête, contre 37 % en 2019. Les personnes intersexes (74 % en 2023 contre 42 % en 2019) et transgenres (69 % en 2023 contre 47 % en 2019) sont les plus visées.
Deux tiers (67 %) des répondants évoquent des actes d’intimidation (brimades, insultes, menaces, moqueries) à l’école, contre 46% en 2019. De plus, 46 % des jeunes de 15 à 17 ans ne se sont jamais identifiés ouvertement en tant que personnes LGBT+, et 64% préfèrent se cacher.
Une personne sur quatre (24%) a été contrainte à des thérapies et pratiques de « conversion », dont 11 % au sein de la cellule familiale. Près de la moitié des femmes trans (47 %) et des hommes trans (48 %) en ont été victimes.
14 % des répondants dénoncent des discriminations dans le domaine des soins de santé, avec des variations significatives entre les groupes. Les hommes transgenres (40%), les femmes trans (39%) et les personnes intersexes sont plus susceptibles d’y être confrontées.
Enfin, pour une majorité (64%) des répondants, l’agression en ligne ou l’exposition à des propos contre la communauté LGBT+ qualifiés de propagande, de menaces liées à « l’idéologie du genre », d’attaques contre les « valeurs traditionnelles », et de stigmatisation des personnes LGBT+ comme des « malades mentaux » sont courantes. 16 % des personnes ont été cyberharcelées, contre 52 % dans la vie réelle.
Pour conclure, la FRA appelle les pays membres à « appliquer une culture de tolérance zéro » à l’égard de la violence et le harcèlement anti-LGBT+ ; assurer un accès sécurisé à des soins de santé de qualité, y compris un soutien en matière de santé mentale ; mettre fin aux pratiques de « conversion » et aux interventions médicales non vitales. Et, concernant la haine en ligne, l’agence recommande d’« aborder le risque de préjugés dans les algorithmes et garantir la responsabilité des plateformes numériques en vertu du droit de l’UE. ».