Cinq hommes, âgés de 23 à 69 ans, seront jugés ce mercredi 13 novembre devant le tribunal judiciaire de Paris pour une campagne de haine LGBTphobe en ligne dirigée contre Bilal Hassani en avril 2023. L’artiste, qui devait se produire à Metz dans l’ancienne église Saint-Pierre-aux-Nonnains (édifice désacralisé à la fin du Moyen Âge, devenu entrepôt militaire puis espace culturel), avait dû annuler son concert face à des menaces virulentes émanant de militants catholiques radicaux et d’extrême droite. Ces appels à rassemblements hostiles et ces messages haineux visaient l’artiste et ses spectateurs, certains allant jusqu’à menacer de violences physiques, et créant un climat de peur et d’insécurité autour de l’événement.
Face à cette campagne de harcèlement, plusieurs plaintes avaient été déposées contre les groupes identitaires Civitas, Aurora Lorraine et le collectif Discussion natio Metz, soupçonnés d’avoir alimenté ce climat hostile. Les associations STOP Homophobie, Mousse, Couleurs Gaies, Familles LGBT, Adheos et SOS Homophobie se sont à nouveau constituées parties civiles, s’appuyant sur les articles 24 et 33 de la loi du 29 juillet 1881, qui répriment les appels publics à la haine et les injures homophobes. Les peines prévues pour ces délits peuvent aller jusqu’à un an d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.
Parmi les prévenus figurent un ancien candidat aux élections législatives sous l’étiquette de la droite nationale, qui avait laissé entendre que Bilal Hassani pourrait être victime de lapidation, ainsi qu’un youtubeur de 44 ans, ayant publié une vidéo appellant à « brûler » l’artiste. Un pharmacien retraité, membre du parti Reconquête, est également jugé pour avoir proféré des insultes homophobes visant Hassani et ses fans. Tous nient le caractère homophobe de leurs propos.
Ce procès illustre l’ampleur des menaces en ligne et la persistance des discours de haine visant les artistes LGBT+, mettant en lumière la mobilisation et le cadre législatif mis en place pour répondre à ces actes. Et comme Me Mecary, avocat des associations, le souligne, « en France la liberté d’expression est immense mais elle s’arrête là où commence les injures, menaces de mort et provocations à la haine ».