Le futur programme d’éducation à la vie affective et sexuelle (EVAS) suscite déjà des tensions au sein du ministère de l’Éducation nationale. Le 27 novembre, lors d’une intervention au Sénat, Alexandre Portier, ministre délégué chargé de la réussite scolaire et affilié à la droite conservatrice, a accusé le projet d’introduire une prétendue « théorie du genre » dans les écoles. Anne Genetet, ministre de l’Éducation nationale, a fermement démenti, tout en rappelant l’urgence de déployer ce programme attendu de longue date pour permettre aux enseignants formés de le dispenser dès cette année.
Une critique qui divise
Alexandre Portier a exprimé des réserves majeures, dénonçant notamment la supposée inclusion de concepts liés à l’« identité de genre » et plaidé pour une stricte supervision des intervenants afin d’éviter tout militantisme, ainsi qu’une adaptation des contenus à l’âge des élèves. « Je m’engagerai personnellement pour que la théorie du genre ne trouve pas sa place dans nos écoles », a-t-il affirmé.
Ces propos ont été largement soutenus à droite, où des sénateurs ont réclamé l’expurgation de toute référence à ce qu’ils perçoivent comme des influences « wokistes ». Néanmoins, Alexandre Portier a reconnu l’utilité de ce programme face à l’augmentation des violences sexuelles et au besoin d’y répondre.
Une mise au point claire de la ministre
Alors que la ministre voit dans ce programme une étape essentielle pour renforcer l’éducation citoyenne et l’égalité, son ministre délégué s’inquiète des risques d’une « idéologisation » des contenus scolaires.
Anne Genetet a rappelé qu’elle était seule responsable des politiques éducatives et a défendu la pertinence d’un programme qu’elle juge progressif et essentiel. « Il n’y a pas d’idéologie dans ce programme. Ce que nous enseignons, c’est le respect, la différence entre fille et garçon, et des notions fondamentales comme le consentement », a-t-elle précisé sur BFMTV.
« L’école de la République, c’est une école dans laquelle il n’y a pas d’idéologie, ce programme n’a pas d’idéologie. La théorie du genre n’existe pas, elle n’existe pas non plus dans ce programme. On apprend la différence fille garçon, à se respecter pour ce que l’on est. C’est tout ».
Elle a également mis en avant les objectifs pédagogiques du projet, comme l’apprentissage de la gestion des émotions et du respect des différences. Pour la ministre, ces enseignements visent avant tout à donner aux élèves des bases solides pour comprendre et interagir de manière bienveillante avec les autres.
Une adoption sous tension
La controverse souligne les difficultés à établir un consensus sur des sujets aussi sensibles. Actuellement, moins de 15 % des élèves bénéficieraient de cours d’éducation affective et sexuelle, pourtant obligatoires depuis 2001.
Le programme EVAS doit encore être validé par le Conseil supérieur de l’éducation en décembre. Anne Genetet espère une adoption rapide afin d’assurer sa mise en œuvre dès cette année : « Il ne s’agit pas de militantisme, mais de donner à nos jeunes les outils pour comprendre et respecter les autres », a-t-elle conclu, mettant en avant l’importance de cet enseignement pour l’avenir des élèves et la société.
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« Théorie du genre »
Elle n’existe pas ! Il n’y a pas de « théorie du genre », pas de « doctrine » unifiée. C’est un terme polémique, souvent utilisé pour critiquer des approches qui examinent les rapports sociaux liés au genre. Au-delà de la caricature idéologique qu’il véhicule, l’expression sert également à des fins politiques. Dans certains contextes, notamment en Europe, elle est utilisée pour s’opposer à des avancées législatives en faveur des droits des femmes ou des personnes LGBT+, comme l’éducation sexuelle ou le mariage pour tou.te.s.
Les études de genre, en revanche, constituent un domaine académique sérieux, qui cherche à approfondir notre compréhension des rôles et identités sociales. Contrairement à ce que la polémique laisse entendre, elles ne se résument pas à une seule perspective, mais sont caractérisées par une diversité d’approches et de réflexions.