Comment vivre son homosexualité dans une île de l’Océan indien qui est à la fois un département français, une terre aux traditions africaines et une société profondément imprégnée par la religion musulmane ?
Mahaba haramu (« l’amour tabou ») est un documentaire de société qui souhaite porter un regard sur l’homosexualité à Mayotte. Alors que la loi pour le « mariage pour tous » s’appliquera dans ce département, ce film veut, pour la première fois, mettre des mots et des images sur l’intime, pour explorer la grande tolérance mahoraise jusque dans ses limites.
POUR QUE LE FILM EXISTE
Les réalisateurs installés outre-mer le savent : il est très difficile de convaincre des financeurs de s’investir dans des projets de films documentaires sur ces territoires. Cette situation se vérifie d’autant plus que le film souhaite aborder des aspects sensibles ou tabous des sociétés ultra-marines. Proposé par Rémi Rozié, réalisateur installé à Mayotte depuis 2011, ce projet souhaite s’affranchir de cette difficulté.
Réunir cette somme de 3 000 euros, permettrait de débuter la réalisation de ce film, en espérant s’appuyer sur l’adhésion du plus grand nombre pour ensuite convaincre d’autres partenaires de participer à sa concrétisation.
SYNOPSIS
Alors que la société métropolitaine débat du mariage pour tous, cette agitation résonne dans les outremers français. A 8.000 km de Paris, à Mayotte, petit département français de l’Océan indien, le projet de loi fait parler.
Ici, le débat a surgi dès la campagne des élections législatives. Une candidate PS prend ses distances avec la proposition 31 du candidat Hollande :
« En ce qui concerne le mariage homosexuel », la candidate souhaite « obtenir la non application de cette loi à Mayotte. En effet, le mode de vie de la population mahoraise est à l’opposé des valeurs défendues par cette proposition ».
Le projet documentaire « Mahaba Haramu » (« l’amour interdit ») s’impose comme un approfondissement de ces affirmations. Il souhaite interroger le « mode de vie de la population mahoraise » et ses « valeurs», pour répondre aux questions du film : peut-on vivre son homosexualité à Mayotte, de quelle façon et dans quelles conditions ?
Terre de tolérance, Mayotte a toujours accordé une place particulière aux homosexuels à trois conditions : « pas de prosélytisme, pas de coercition, pas de scandale » nous explique un des personnages. Certains sont pourtant très visibles : une tradition veut que des hommes travestis chantent, par exemple, au milieu des groupes de femmes lors des mariages religieux… musulmans. Mais pour beaucoup, il est difficile de ne pouvoir vivre, librement, ce qu’ils sont.
Le film souhaite donner la parole, pour la première fois, aux « homosexuels » de Mayotte pour montrer et expliquer les choix et parfois les concessions qu’ils ont faites pour garder une place dans la société, des concessions qui peuvent aller jusqu’au mariage traditionnel.
Le documentaire veut dépasser les non-dits et enfin regarder une facette inédite de Mayotte, entre tolérance et hypocrisie, bonheurs et souffrances.
LA REALISATION
Il peint. Dans son atelier, Marcel fige sur ses toiles sa vision de Mayotte, ce petit bout de France qu’il voit changer si vite. Cet artiste est installé depuis plus 20 ans dans l’île au lagon. Dans ses tableaux, des « fundis » (les vieux sages), des bouénis (femmes), des ambiances de villages mais aussi de jeunes hommes qu’il croque avec une passion particulière.
Marcel est le fil rouge du film. Avec lui, il est question du rapport au corps mais aussi du regard social et du poids de la tradition dans un département dont la petite taille (305 km², trois fois Paris intra-muros) impose un fonctionnement social de village.
Marcel est le premier personnage d’un film logiquement structuré autour d’entretiens qui construisent le propos : les relations entre les individus, l’adolescence, la sexualité, l’amour, la famille, la « norme » et la « différence »…
Ce documentaire sur la société mahoraise a l’ambition de montrer Mayotte comme on ne l’a jamais vue et entendue. Il interroge la place de chacun. Il donne à voir une société profondément tiraillée entre les traditions et une forme de « modernité » imposée par une « occidentalisation » à marche forcée qui bouleverse profondément le territoire.
Le travail du peintre Marcel sur les corps et les représentations de la société mahoraise sert de fil rouge au film.
A quoi va servir le financement ?
Les besoins matériels : location d’une partie du matériel
Les besoins humains : une journaliste mahoraise va travailler sur la réalisation de ce projet.
La post-production : montage du film (banc de montage et salaire du monteur), l’étalonnage (travail de l’image) et le mixage son.
A propos du porteur de projet
Rémi Rozié est le réalisateur du film. Il vit depuis 2011 à Mayotte où il poursuit son travail de documentariste débuté il y a plus d’une dizaine d’années.
Anciennement journaliste, il a participé à divers programmes de télévision dont «Gaïa » sur F5, « Outremer » et « Vue du Ciel » sur F3 ou « Culture Pub » sur M6.
Il a réalisé plusieurs documentaires de 52 mn parmi lesquels « L’islam à la mahoraise » (2012), « Le temps comme il passe à St-Georges-de-l’Oyapock » (2011), « Un homme et ses femmes, la polygamie à Mayotte » (2009), « Orania, citadelle blanche en terre d’Afrique (2009).
Il est aussi le co-réalisateur de « Kings of the World », un road-movie documentaire qui interroge des Américains sur leur vision de la politique et la puissance de leur pays (sortie cinéma juin 2007).
La bande-annonce de « Kings of the world » (Réalisation : Valérie Mitteaux, Anna Pitoun, Rémi Rozié ; Production : Caravane Films / 2007).
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