Grèce : gay pride à Athènes pour reprendre la ville

ATHENES – Quelques milliers d’homosexuels, militants de gauche et anti-racistes ont défilé samedi dans le centre d’Athènes pour reprendre la ville face à un regain d’homophobie et d’intolérance, à l’occasion de la 8ème édition de la gay pride locale.

Cette année, on reprend Athènes, a lancé à l’AFP l’une des organisatrices, Andrea Gilbert, relevant un regain d’hostilité envers les homosexuels, sur fond de percée néonazie et de généralisation des violences émanant de l’extrême droite et visant tous les groupes minoritaires.

Ce raidissement n’a pas épargné le parti conservateur du Premier ministre Antonis Samaras, qui vient de proposer au Parlement la suppression pure et simple des dispositions actuelles contre les discriminations fondées sur l’orientation sexuelle, a-t-elle déploré.

Athènes est à nous, proclamait en riposte le slogan de la manifestation, que le maire centriste d’Athènes a toutefois boudé au dernier moment, alors qu’il avait, selon elle, promis d’en donner le coup d’envoi.

Pas de quoi saper le moral des participants qui dansaient au son de percussions et sous une pluie de préservatifs lancés d’un char pour un défilé festif jusqu’au Parlement.

On revendique le droit au mariage et à l’adoption, dans un pays qui ne reconnait pas le mariage homosexuel et dont le pacte d’union civile créé il y a quelques années exclut explicitement les couples de même sexe, affirme Andréas Ioannidis, la trentaine.

Mais cette année, la gay pride est aussi un message contre la rhétorique de haine d’Aube Dorée, le parti néonazi qui a raflé 7% des voix et 18 députés en juin.

Manquerait plus que j’aie peur, Néonazis dehors, narguaient pancartes et autocollants.

Beaucoup d’amies étaient inquiètes, car le climat s’est tendu, on entend maintenant beaucoup parler d’agressions, mais finalement ça va, relève Anni, une étudiante en économie de 21 ans, tendant une banderole d’un mouvement lesbien.

Ralliés sous une pancarte Diplomats for Athens pride (diplomates pour la fierté d’Athènes), des membres du corps diplomatique de sept pays, dont la France, les États-Unis et les États scandinaves se sont joints au cortège pour la première fois, à l’initiative de la représentation néerlandaise.

Mais pas question de s’ingérer dans les affaires grecques : les diplomates assurent être là à titre personnel, dans un engagement en faveur des droits de la communauté homosexuelle et des minorités.

Un soutien également manifesté par plusieurs centaines de manifestants européens altermondialistes, venus conclure devant le parlement grec un sommet contre l’austérité et pour la démocratie en Europe.

Au passage du défilé homosexuel, les slogans contre la finance et pour la révolution sont mis en sourdine au profit d’un Sol sol sol, solidarité avec les gays que crient des militants français sous des drapeaux de la CGT.

Un peu plus loin, une banderole entourée de quelques dizaines de porteurs de drapeaux rouges frappés du marteau et de l’enclume appelle à la solidarité avec les rebelles turcs.