Aux termes de la première loi, la « propagande pour les relations sexuelles non traditionnelles devant mineur » est passible d’amendes de 4.000 à 5.000 roubles (100-125 euros) pour une personne physique. Une personne dépositaire de l’autorité publique risque une amende jusqu’à 1.250 euros et une personne morale, de 19.000 à 23.500 euros.
Les sanctions sont encore plus sévères si cette « propagande » est effectuée sur internet, les organisations et autres entités juridiques risquant par exemple dans ce cas d’être fermées jusqu’à 90 jours.
Les étrangers, quant à eux, risquent une amende pouvant aller jusqu’à 100.000 roubles, et pourront en outre être détenus 15 jours et expulsés.
Plusieurs militants homosexuels étrangers, comme le Britannique Peter Tatchell, se rendent régulièrement en Russie pour apporter leur soutien aux manifestations homosexuelles, régulièrement interdites par les autorités et dispersées sans ménagement par la police.
Le leader de la communauté homosexuelle de la Russie, Nikolaï Alexeïev a qualifié dimanche d' »erreur historique » la décision de Vladimir Poutine, tout en promettant de contester cette loi devant la Cour européenne des droits de l’homme, dans un communiqué.
« Poutine a gagné une bataille locale pour (obtenir) les voix de ses électeurs peu cultivés, mais a perdu une bataille historique », a lancé M. Alexeïev.
« De telles lois avaient été en vigueur en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Finlande et d’autres pays occidentaux, mais ont finalement été annulées. Je suis sûr que la Russie se débarrassera bientôt elle aussi de cette marque d’infamie moyenâgeuse », a-t-il conclu.
Plusieurs assemblées locales avaient déjà adopté des textes similaires, dont celle de Saint-Pétersbourg.
Samedi, des heurts ont éclaté dans cette ville, la deuxième du pays, entre les militants de la cause homosexuelle qui ont tenté d’organiser une gay pride dans le centre de l’ancienne capitale impériale et des opposants à cette cause et des dizaines de personnes ont été interpellées par la police.
L’homophobie est largement répandue en Russie, où l’homosexualité était considérée comme un crime jusqu’en 1993 et comme une maladie mentale jusqu’en 1999.
Récemment, plusieurs cas de meurtres de personnes commis en raison de leur homosexualité ont été recensés dans ce pays.
Selon un sondage de l’institut Vtsiom dont les résultats ont été publiés en juin, 88% des Russes soutiennent l’interdiction de la « propagande » homosexuelle. Par ailleurs, 54% des Russes pensent qu’il faut punir l’homosexualité.
Le président a par ailleurs promulgué une loi réprimant les « offenses aux sentiments religieux des croyants » par une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison.
Ce texte a été rédigé à la suite de l’affaire des Pussy Riot, un groupe contestataire dont deux membres purgent une peine de deux ans de camp de travail pour avoir chanté une prière contre Vladimir Poutine dans la cathédrale de Moscou.
Le groupe est devenu depuis un symbole de la protestation contre le régime de Poutine, revenu au Kremlin en mai 2012 pour un troisième mandat de président et accusé par l’opposition d’atteintes aux libertés.
Ces derniers mois, ONG et défenseurs des droits de l’homme n’ont cessé de dénoncer l’adoption de lois jugées répressives en Russie.
Pour Lev Ponomarev, de l’ONG Pour les Droits de l’homme, les deux lois promulguées dimanche « ont un caractère idéologique et sont contraires à la liberté de parole et à la liberté de conscience ».
« Elles reflètent l’idéologie conservatrice imposée par l’Eglise orthodoxe et sont contraires à la Constitution russe et à la Convention européenne des droits de l’homme », a-t-il déclaré à l’AFP.
« Le président Poutine n’est peut-être pas aussi conservateur lui-même, mais c’est dans ces milieux-là qu’il a un soutien électoral, l’intelligentsia et les gens cultivés lui ayant tourné le dos », estime Lev Ponomarev.