Depuis ces dernières semaines, les appels au boycott des jeux Olympiques de Sotchi se multiplient pour protester contre la loi russe sur la «propagande» homosexuelle.
Jugée discriminatoire par beaucoup de défenseurs des droits de l’homme, nombre de militants se sont organisés dans des « actions solidaires » comme c’est le cas pour les membres d’All Out, mouvement international luttant contre l’homophobie, qui ont présenté une pétition de plus de 320 000 signatures, au siège du Comité international olympique en Suisse (https://www.allout.org/fr/actions/russia-attacks-taf) appelant la Russie et les dirigeants du monde entier à dénoncer cette loi «homophobe». Et d’autres, invitent notamment les athlètes à défiler symboliquement avec des drapeaux « arc-en-ciel » pendant la cérémonie d’ouverture – quand bien même le risque d’une disqualification sur la base de la Charte olympique reste vraisemblable (51).
La Russie s’est montrée jusque-là impassible. Et si l’on ressent dans les échanges que la mauvaise presse les sature, Vitali Moutko, ministre des sports, n’hésite pas à balayer les critiques en indiquant que la loi se conformait à la convention des Nations unies « sur la protection des enfants contre les informations nuisibles » :
« Les personnes sensées devraient comprendre que l’ingérence de la politique dans le sport est inadmissible. Plus la Russie est forte, et plus cela déplaît à certains. Nous sommes tout simplement un pays unique », a estimé M. Moutko qui reconnait néanmoins que la Russie faisait actuellement face à une «légère pression» venant d’Occident.
Début août, Jacques Rogge, président du CIO, a demandé à Moscou des éclaircissements malgré les assurances des autorités russes que cette loi n’empiétait pas sur les intérêts des citoyens, y compris étrangers, que ce soient les sportifs, les organisateurs ou les supporteurs : «Les Jeux doivent être ouverts à tous». Contre toute attente, il a annoncé jeudi dernier avoir reçu les garanties que la Russie respectera tous ses engagements. Selon M. Rogge, le vice-premier ministre russe a souligné dans leurs échanges que : « La législation russe ne prévoit pas de restrictions ni différente interprétation des droits et de la responsabilité des citoyens selon leur orientation sexuelle. La discrimination des minorités sexuelles, comme toute autre discrimination, est interdite pas la Constitution de la Fédération de Russie. »
Tous les athlètes seront donc chaleureusement accueillis aux JO de Sotchi indépendamment de leur orientation sexuelle. Pendant la période des compétitions, sans doute, avec toutes les caméras braquées sur l’événement, mais ensuite ? Ils pourront être arrêtés ! N’est-ce pas toute la sournoiserie de cette loi, et la Russie garantirait le respect de tous ses engagements face au CIO ?
Les appels au Boycott n’affectent pas directement le pouvoir russe, sinon mettre à plat quelques entreprises, des ouvriers d’usines de Saint-Pétersbourg ou punir les athlètes en les privant, comme on a pu le lire assez souvent, de l’expérience d’une vie :
Pourquoi ne pas « bannir » la Russie de ses propres Olympiades d’hiver ? Ne serait-il pas « fair play » que de sanctionner « équitablement » la nation qui déroge à la Charte olympique et à ses principes fondamentaux ?
Rien d’exceptionnel en vérité. En 1964, le CIO avait rejeté la participation des athlètes Sud-Africains aux compétitions, en raison de la politique dite de « développement séparé » qui affectait les populations selon des critères raciaux ou ethniques : l’apartheid.
Malgré la promesse d’inclure des athlètes noirs à leur équipe, le CIO avait fermement exigé du gouvernement sud-africain, à majorité blanche, de renoncer publiquement à toute discrimination raciale dans le sport. Ils ont refusé, ils sont restés interdits des jeux jusqu’en 1992.
De même, pour la Rhodésie, et quelques jours à peine avant le début des Jeux de Munich en 1972. Sa participation sera déclinée en raison d’une politique discriminatoire à l’égard des populations noires. Rappelons que ce pays s’est effondré en 1979 et n’aura jamais participé à des Jeux olympiques.
Il y a également l’Afghanistan, en 2000, bannie pour violation des droits de la femmes, sous le régime des talibans, et réintégré quatre ans plus tard parce qu’ils autoriseront par la suite des athlètes féminines dans leur équipe. L’Allemagne, sanctionnée plusieurs fois parce qu’initiatrice des deux premières guerres mondiales. Et, plus récemment, l’Inde, rejetée en 2012, après que le CIO ait contesté les résultats des élections de l’Association olympique indienne. Il aura ainsi fallu un second vote pour lever l’interdiction.
Alors, si « des élections politiques » peuvent à ce point influer les décisions du comité, comment ne pas imaginer recevable la menace d’interdire à la Russie de participer aux Jeux, à leurs Jeux, en raison justement de cette loi qui « criminalise » toute une partie de la population ?!
Le 10 septembre prochain, l’organisation doit élire un nouveau président. L’un des six principaux candidats, Richard Carrión de Puerto Rico est partisan au dialogue pour interpeller les dirigeants russes, relativement ouvert aux actions et redoute que la loi ne soit utilisée pour réprimer. Une influence des plus nécessaires.
Mais, le CIO, à l’instar du conseil des droits de l’Homme aux Nations-Unies, ne devrait-il pas exiger que la Russie abroge ses lois discriminantes contre les homosexuels ? Ce serait un message clair, adressé à toute la communauté internationale et plus spécialement à tous les pays qui seraient tentés d’adopter une législation identique, comme c’est déjà le cas au Nigeria et au Cameroun. Ces nations ne devraient d’ailleurs pas être autorisées à participer à l’événement.
Et puis, le CIO est en grande partie responsable. Il est de leur devoir d’en assumer les conséquences. La candidature de la Russie pour l’organisation des Jeux Olympiques était tout à fait inappropriée. L’ancien « Etat soviétique » n’a jamais été plébiscité pour ses largesses d’esprit, sa tolérance sinon toute une série de violations des droits de l’Homme. La menace a marché pour l’Afghanistan, ainsi que pour l’Arabie saoudite et le Qatar qui ont finit par inclure six « femmes » dans leurs équipes olympiques, qui seront d’ailleurs les premières à représenter leur nation dans l’histoire des jeux.
Nous pourrons déverser des litres de Vodka dans les caniveaux, inciter les nations occidentales au boycott, faire de grandes déclarations diffusées sur toutes les chaînes de télévision du monde pour signifier à Monsieur Poutine notre désaccord avec les lois anti-homosexuelles russes… rien ne sera plus efficace que d’exclure la Russie de l’événement, et suspendre les investissements financiers. Contrairement à d’autres suggestions, l’hypothèse d’une interdiction olympique aurait des répercussions considérables dans tous le pays, tandis que le boycott ne serait que plus favorable aux espoirs de la Russie de remporter encore plus de médailles, avec moins d’athlètes présents : Fierté nationale évidemment !
Besoin de réagir et signifier votre inquiétude sur les conséquence de cette législation ? N’hésitez pas à signer la pétition adressée à tous les principaux partenaires et fournisseurs des J.O. pour les inviter à dénoncer la répression homophobe et cesser leur sponsoring : http://www.change.org/fr/pétitions/partenaires-et-fournisseurs-des-j-o-de-sotchi-dénoncez-les-conséquences-des-lois-contre-la-propagande-gay-en-russie
Plus le nombre de noms recueillis sera élevé, plus la probabilité d’une action contre les lois homophobes russes, de la part du Comité international Olympique grandira, c’est pourquoi il est important de signer et de faire circuler les pétitions sans modération.
STOPHOMOPHOBIE.COM
En relais avec Cyd Zeigler, Co-foundateur de Outsports.com