Près de 1 % des personnes infectées par le VIH sont immunisées naturellement contre ce virus mortel. Comment ? Des chercheurs états-uniens viennent de mettre en évidence une protéine antivirale, plus abondante chez ces contrôleurs du VIH, qui agirait comme seconde ligne de défense contre le virus.
Les recherches sur le Sida n’ont pas encore permis l’éradication de la maladie, mais elles s’en approchent de plus en plus. Les personnes séropositives peuvent aujourd’hui vivre aussi longtemps que tout le monde… à condition de prendre un traitement quotidien tout au long de leur vie. En effet, si elles arrêtent les médicaments, le virus du Sida reprend rapidement le dessus et redevient mortel.
Certains patients, en revanche, conservent un taux très bas de particules virales dans leur sang, et ce, sans aide extérieure. Ces chanceux, qui représentent moins de 1 % des personnes infectées, sont appelés contrôleurs du VIH. Ils font l’objet de recherches intensives par de nombreux scientifiques, qui espèrent découvrir dans leurs mécanismes de nouvelles pistes de traitement contre cette maladie. Des recherches précédentes ont montré qu’ils détenaient un complexe d’histocompatibilité plus performant, leur permettant une meilleure reconnaissance des virus par le système immunitaire.
L’Afrique subsaharienne reste la région la plus affectée par l’épidémie de Sida. Dans cette zone pauvre du monde, les moyens de traitement sont limités.
Des chercheurs de la Vanderbilt University au Tennessee viennent de faire une autre découverte. Dans leur étude, publiée dans la revue Plos One, ils ont montré que les contrôleurs du VIH possédaient une seconde ligne de défense immunitaire capable de mieux lutter contre les virus cachés dans l’organisme.
La protéine A3G limite les réservoirs viraux
Lorsqu’un individu séropositif est sous traitement, le VIH trouve refuge dans certaines cellules immunitaires, comme les lymphocytes T mémoire, et reste dans une phase de latence, prêt à ressortir dès que la situation devient moins dangereuse pour lui. Qu’en est-il des contrôleurs du VIH ? Pour répondre à cette question, les chercheurs ont comparé la charge virale des lymphocytes T mémoires de ces personnes à celle de patients sous médicaments. Leurs résultats mettent en évidence que le virus est moins abondant dans les cellules immunitaires des contrôleurs du VIH.
En creusant un peu plus, les auteurs ont montré le rôle d’une protéine, appelée APOBEC3G (A3G), dans le contrôle des réservoirs viraux. Cette dernière, connue pour empêcher le virus de se répliquer, est plus abondante dans les cellules des contrôleurs du VIH que dans celles des autres patients. En utilisant différentes techniques expérimentales, les scientifiques ont montré qu’elle participait à l’élimination des virus des lymphocytes T mémoire. En d’autres termes, grâce à la protéine A3G, les contrôleurs du VIH auraient peu de réservoirs viraux latents dans leur organisme. « Cette protéine est d’autant plus performante qu’elle est capable de reconnaître les virus même lorsqu’ils sont mutés », explique Richard D’Aquila, le directeur de l’équipe.
À l’avenir, les scientifiques espèrent trouver une stratégie pour améliorer la production de la protéine A3G dans les cellules immunitaires afin de mieux protéger les personnes infectées par le virus du Sida.
Par Agnès Roux, Futura-Sciences