Les habitants de ce village de l’Indre s’insurgent contre une délibération de leur conseil municipal qui refuse de marier les couples homosexuels au nom d’une « loi naturelle supérieure aux lois humaines ».
Manon est « scandalisée ». Comme les trois cents habitants de Fontgombault, dans l’est de l’Indre, elle a reçu, dans sa boîte aux lettres, hier matin, le compte rendu de la dernière réunion du conseil municipal de son village, le 24 octobre. Arrivée, au paragraphe VIII, elle prend connaissance d’une délibération stipulant que « le maire (Jacques Tissier) et ses adjoints, ainsi que tous les conseillers » qui l’ont votée, soit sept sur dix (deux abstentions, un contre), « démissionneront […] dans le cas où ils seraient contraints de procéder » à un mariage de deux personnes de même sexe.
« Loi naturelle supérieure aux lois humaines »
Le conseil municipal de Fontgombault considère qu’il existe « une loi naturelle, supérieure aux lois humaines » et que deux personnes homosexuelles, « radicalement incapables de procréer un être humain », sont incapables « de l’éduquer à titre de parents ». « Je trouve ça ignoble », s’indigne Manon. Dans un courrier adressé à La Nouvelle République, un autre Fontgombaldien évoque « des propos qui dépassent l’entendement ». Il appelle les couples homosexuels à « venir habiter dans notre commune et se marier », pour provoquer la démission du maire, Jacques Tissier. Car « tout le monde en a ras le bol, hurle l’auteur de la lettre, Frédérique. Chacun est libre d’être pour ou contre le mariage homosexuel. C’est la formulation qui me choque. »
Jacques Tissier a refusé de commenter, se contentant de dire que « les gens qui ne sont pas d’accord avec moi peuvent venir me voir à la mairie ». En septembre 2012, en plein débat sur le mariage pour tous, le maire de Fontgombault avait provoqué un tollé après avoir déclaré : « Hors de question de marier les pédés ! » Jacques Tissier n’a jamais caché ses croyances religieuses. La délibération du 24 octobre mentionne « d’autres raisons de conscience et de religion ». En janvier 2010, au terme de sa cérémonie de vœux, il avait invité ses administrés à prier pour les victimes du séisme en Haïti, prononçant, devant une partie de l’assemblée médusée, un « Notre Père » et un « Je vous salue Marie ».
« Un conseil municipal doit être laïc », poursuit Frédérique. Pour répondre à ses multiples « dérapages », elle et d’autres habitants de Fontgombault souhaitent se rassembler au sein d’un collectif. « Dans cette commune, depuis tout le temps, la différence est mal venue. » Ils veulent que cela cesse.
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