Le troisième mariage homosexuel dans le Giennois s’est produit ce week-end. La nouvelle loi n’a pas bouleversé la donne dans les mairies.
Un jeune garçon arrive légèrement essoufflé, un coussin blanc dans les mains. « C’est bon, on a les alliances. » La cérémonie va pouvoir commencer. S’en suivent les formules consacrées et la question finale. À la prononciation du oui, la salle se relâche. Deux femmes échangent un baiser à la fois pudique et tendre. Puis un deuxième.
Ce samedi, la commune de Coullons a connu son premier mariage homosexuel. Dans la quasi indifférence.
« Je suis enfin un citoyen à part entière »
Le mariage entre deux individus de même sexe reste assez exceptionnel dans le Giennois. Celui de samedi, à Coullons, n’est que le troisième à avoir été célébré. Les précédents ont eu lieu aux Bordes et à Gien.
Le maire de Briare a été questionné par une femme souhaitant officialiser sa relation, mais elle n’a pas donné suite depuis. À Sully-sur-Loire, un couple envisage de se marier l’été prochain.
Bref, il semblerait que la loi sur le mariage pour tous n’ait pas suscité beaucoup d’attente. Mais pour les trois couples qui se sont mariés ces derniers mois, le soulagement est grand. « Je suis enfin un citoyen à part entière, avant cela j’étais un « sale pédé » », indique l’un des heureux mariés qui attendait ce jour depuis de longues années.
Dénonciation malveillante
Un autre indique avoir suivi avec son compagnon tout le processus législatif dans ses moindres détails, depuis l’annonce de cette proposition dans le programme de François Hollande. « Le Pacs est moins protecteur et puis, ce n’est pas la même symbolique », souligne l’un des époux.
Cependant, même si la loi donne aux homosexuels le droit de rendre publique leur union, les couples préfèrent la discrétion. L’un d’eux a fait l’objet d’une dénonciation malveillante deux mois après son mariage. La loi n’a pas fait reculer l’homophobie.
Patrick Chierico, le maire de Gien, fait partie des édiles chez qui cette loi ne passe pas. « Nous en avons parlé entre élus [de mon conseil] et deux ou trois adjoints se sont portés volontaires [pour célébrer les unions homosexuelles] », indique-t-il. Un soulagement pour le maire de Gien qui ne sera pas obligé de célébrer ces mariages. Si aucun adjoint n’est disponible, il indique qu’il s’en chargera pour que la loi soit respectée. « Ces gens-là font ce qu’ils veulent, ça ne me gêne pas, mais je trouve ça « contre-nature » », estime-t-il. Il y a quelque temps, il indiquait avoir réprimandé deux femmes qui s’embrassaient en public, car « des enfants auraient pu les voir ».
Hervé Pichery, maire de Coullons, ne voit pas de raison de changer ses habitudes. « C’est la loi, je ne la discute pas, indiquait-il peu avant de célébrer l’union de samedi. Si le premier magistrat de la commune ne respecte pas la loi, c’est la chienlit. »
Claude de Ganay, maire de Dampierre et député, a fait partie des opposants au texte – il a voté contre à l’Assemblée nationale – mais sa position rejoint celle de son homologue de Coullons. « Je ne vois pas comment je ferais une discrimination, souligne-t-il. En tant que premier magistrat, je dois montrer l’exemple ». Il ajoute que c’est habituellement ses adjoints qui célèbrent les mariages, sauf lors qu’on lui en fait la demande. Il ne prévoit pas de faire différemment pour les couples homosexuels.
Thibault Chaffotte
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