#PMA #Homoparentalité : Un parent, ce n’est pas celui qui porte les mêmes gènes

Comment devient-on parent? Vaste question. Vous avez deux heures ?

Je réfléchis à cette question depuis mes 18 ans. Même un peu avant. Depuis que ma vie a pris un virage à gauche, que mon cœur m’a fait dévié de la sacro sainte route judéo-chrétienne que la société avait tracée pour moi. C’est tout moi ça, pourtant je n’aime pas trop le ski hors piste.

J’ai beaucoup évolué sur la question, beaucoup réfléchi, beaucoup lu. Ecouté aussi, les avis, les contre avis. J’ai lu des grandes théories, j’ai étudié beaucoup de par mon choix professionnel tout ce qui se rapprochait de la parentalité, la grossesse, l’accouchement, tout ça.
Et puis, en fait, tout cela n’a servi à rien.
Rien du tout.

Parce que ce qui m’a fait comprendre, ce qui m’a fait réaliser comment on devenait parent, en l’occurrence « maman » pour moi, ça a été « lui ». Cette grande claque dans la gueule qu’on se prend quand « il » arrive.

On devient parent à l’arrivée d’un enfant

Pas autrement.
Pas en faisant l’amour, pas en se mariant, pas en partageant des cellules, pas en tombant enceinte. Enfin si, en faisant tout ça. Mais pas que.
On devient parent après ça, bien après ça, quand l’enfant arrive.
Celui qu’on a rêvé, imaginé, espéré, ou pas. Quand il débarque dans votre vie comme une explosion. Pile à ce moment là.

Qu’il soit arrivé après une conception classique, une adoption, le recours à un donneur, peu importe au final. C’est là, c’est ça qui fait qu’on devient parent.

Je sais que c’est très difficile à comprendre pour toutes ces personnes qui n’ont pas dévié du chemin initial, des balises tracées. Ces personnes qui n’ont pas eu à réfléchir à tout ça, qui ne sont pas tombées comme moi amoureux d’une personne avec qui elle ne pouvait pas « classiquement » avoir d’enfants.

Mais demandez à tous les parents adoptants, tous les parents ayant eu recours à la PMA, tous les couples homosexuels, ils se sentent parents à part entière, ils sont devenus parents avec l’arrivée de cet enfant, leur enfant.

Un parent c’est celui qui se lève tous les matins pour son enfant, celui qui s’inquiète pour un regard fiévreux ou qui se couche tous les soirs après un dernier regard vers la chambre qui dort. Ce n’est pas celui qui s’est barré après un coup d’un soir, ou celle qui fuit la maternité après y avoir posé un nouveau-né.

Un parent c’est celui qui entoure, qui rassure, et qui essaie d’étayer du moins pire qu’il peut le chemin de son enfant au gré des années et des caps, de l’adolescence à l’âge adulte. Ce n’est pas celui qui porte les gènes de la couleur des yeux ou celui de l’implantation des cheveux.
Un parent c’est celui qui attend, qui espère, qui pleure devant l’arrivée de son enfant.
Ce n’est pas celui qui donne, par un très beau geste que beaucoup ne peuvent concevoir, un peu de lui ou beaucoup d’elle, pour aider deux de ses semblables à devenir eux, parents.

Le récent « débat » sur le mariage pour tous a fait surgir des vraies questions de fond, auxquelles on a choisi la non réponse ou la bêtise plutôt que la vraie réflexion. On a reproché aux couples homosexuels un égoïsme, une aberration, en brandissant l’absence de repère, avec ou sans « re », le mensonge de la conception ou le gouffre de l’anonymat des origines.

Dans ces critiques erronées, on a préféré oublié qu’en France pourtant on a depuis longtemps autorisé l’adoption par les célibataires.. où est le 2e parent in-dis-pen-sa-ble dans ces cas-là?
Ou surtout que l’anonymat du don de gamètes est la base du système de PMA français et ce malgré une réforme proposée en 2011 pour modifier cet anonymat et refusé par nos chers parlementaires, majorité UMP pour mémoire, les mêmes qui criaient en 2013 à la perte des enfants dans les familles homoparentales qui n’auraient pas accès à leurs origines. Cherchez l’erreur.

Cherchez la d’autant plus que souvent, dans ces couples-là, et d’autres, ceux qui font un parcours de PMA, ceux qui deviennent parents après un long processus d’adoption, ces couples-là ont d’autant plus réfléchi à toutes ces questions que ce n’est pas chez eux que le mensonge où le secret concernant la procréation des enfants est le plus présent, bien au contraire.

Sans surprise, la future loi sur la famille que présentera le gouvernement socialiste, ne comportera pas d’amendement autorisant la PMA aux couples de femmes.
On me répondra peut-être que le « choix » d’être homosexuel n’est pas une impossibilité médicale à faire des enfants et que la société n’a pas à porter ce choix personnel en y apportant une aide médicale. Soit.

Mais là encore quelle hypocrisie…
Ce postulat vaut-il aussi pour les accidentés de la route après une alcoolémie importante? N’est-ce pas là non plus des soins médicaux portés par la société qui font pourtant suite à un comportement, un « choix » personnel?
Et les soins des cancers du poumons après des années de tabac? Faut il n’autoriser ces soins qu’à toutes les personnes saines de vie et d’esprit qui n’ont jamais dévié du sacro saint chemin?

Alors non l’homosexualité n’est pas une maladie, bien au contraire.
Mais la médecine a depuis longtemps dépassé le niveau simpliste médecine = guérir une maladie.
La PMA aide de nombreux couples à devenir parent. Les lois de bioéthiques de 1994 ont déjà tranché le sujet. Les professeurs ou les responsables du secteur le disent, la PMA va aujourd’hui bien au delà de la « simple » infertilité. Des réflexions et certainement des modifications sont nécessaires sur le sujet, mais elles vont bien au delà du débat soulevé par l’accès ou non aux couples homosexuels.

La posture du gouvernement socialiste, au-delà du fait de préférer écouter les cris de la rue que les grands spécialistes de la question, est pour le moins ironique et hypocrite.
Elle a autorisé le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels, mais pas le fait qu’ils puissent faire des enfants en France.
Alors ils continueront d’aller les faire ailleurs, là où on a réfléchi et statué pleinement sur la question, et où aucune civilisation ne s’est écroulée si tant est qu’il faille le rappeler.

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Puis à revenir en France et régulariser leur situation, en adoptant les enfants de leur conjoint qui sont aussi les leurs mais qu’il faudra des mois de procédures administratives pour le reconnaître.

L’exception culturelle française?
J’aurais plutôt dit la bureaucratie et « l’efficacité » française.

Linem B.
Co-créatrice du blog Puisque c’est la guerre, Membre de l’association « Les enfants d’Arc en Ciel »
http://www.huffingtonpost.fr/linem-b/dessine-moi-un-parent_b_4537087.html?utm_hp_ref=france-cest-la-vie&ir=France+C%27est+La+Vie